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Tout prouve, au contraire, que les Polynésiens du
sud appartinrent primitivement au même embranchement
; c ar leurs idiomes présentent des différences
à peine dignes de remarque ; ils émigrèrent
donc tous, poussés par un même motif, et bien probablement
en même temps.
Les Polynésiens du nord partirent des îles Philippines
: la mousson du nord-ouest, qui règne entre le
5' et le 10* degré nord, favorisa leur départ et leur
dispersion dans les archipels Pelew, Carolines et
Marshall; car les moussons de TAustralasie s’a rrê tent
entre les 165* et 180* degrés de longitude est.
Des Carolines il était très-facile d ’aller aux Mariannes
; car en sortant des limites de la mousson, les
vents du nord-est vous portent au nord à travers toute
la zone tori ide boréale.
Des îles Marshall aux îles Ciibert, les vents du nord-
ouest encore, puis les vents généraux ensuite, vous
permettent de franchir aisément la distance qui sépare
ces archipels.
Rema rq u o n s , qiTà moins d’une navigation plus
savante que celles qu’entreprennent les Malais de nos
jours avec leurs praos , il est impossible d’aller des
îles Cübert et Marshall aux îles Hawa ï, les vents
aîisés du N. E. s’y opposant d ’autant plus qu’ils soufflent
ordinairement bon frais.
La même mousson du N. 0 . favorisa aussi Téloi-
gnement des Polynésiens du sud, qui, en quittant
l’extrémité nord de Bornéo, se trouvaient dans la
sphère d ’activité de cette mousson ; mais alors ils
durent rencontrer successivement les Carolines et
les îles Marshall ; les trouvant occupées, ils poussèrent
jusqu’à la limite est de la mousson, où, portant
au sud, ils rencontrèrent les îles Gilbert, et au-
delà de l’équateiir une foule de petites îles qu’ils
p euplè rent; puis, a l’aide des vents, de la mousson
du S. 0 . , ou de celle d uS . E., ils firent route sur les
Viti qu’ils trouvèrent habitées p ar les noirs, puis ils se
dirigèrent sur Tonga et sur la Nouvelle-Zélande.
Avec les vents alisés du S. E., de Tonga, il est facile,
d’aller à Hamoa avec les voiles largue : de Tonga
aux î l e s T a ï t i , cela est pins difficile, parce que la lame
est souvent assez creuse, et que déjà il faut serrer le
vent; mais les vents ne sont pas fixés au sud, et ils
addonnent souvent jusqu’au S. S. E.; il y a d ailleurs
sur le trajet plusieurs belles îles, comme on en trouve
entre Tonga et la Nouvelle-Zélande.
Des îles Taïti aux îles Nubiva, et de celles-ci aux
Hawa ï, on court vent a rriè re d’a b o rd , et ensuite,
dans Tbémisphère nord, largue.
11 faut croii’e que ces peuplades, enhardies par
l’expérience, qui leur avait enseigné qu’il existait des
terres dans toutes les directions, se lançaient h a rd iment
vers la haute mer et que ce fut ainsi que les
points les plus excentriques de la Polynésie furent
découverts et habités.
Je ne prétends pas affirmer que les Polynésiens
suivirent exactement la marche que je viens d’indiquer
; maisj’ai voulu démontrer que leur dispersion
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