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h retenir les choses qui paraissent de prime-abord les
plus arides, comme les dates, les noms, etc., etc. La
mémoire ne s’affermit pas au même âge pour tous les
élèves; il en est de précoces, il en est de tardives;
mais la prétendue absence de la mémoire des chiffres
et de celle des noms, p a r ex emp le , ne provient
que du défaut d ’exercice. H faut habituer de bonne
heure les enfants à retenir les idées ou les mots les
plus abstraits, ou sinon, plus tard, ils ne retiendront
que les frivolités, ou tout ce qui n ’exige pas de
contention d’esprit. Nul doute qu’une pareille éducation
ne dispose à ne voir jamais que la superficie
des choses, et ne soit la cause principale de ces caractères
légers que rien ne saurait sérieusement fixer,
parce qu’ils ne trouvent en eux aucun des éléments
d ’une instruction solide, ni l’habitude d’un travail
opiniâtre et sérieux, après avoir eu un grand nombre
de professeurs. Il en est de même des études
trop spéciales : elles ont le grave inconvénient de
n ’exercer la mémoire que dans une série d’idées, et
de réduire l’intelligence tout entière aux proportions
de certaines connaissances trop limitées. Ce genre
d’éducation ne fait pas d ’hommes véritablement instruits,
et p a r conséquent d ’une utilité assurée ; elle
fait des esprits étroits, non-seulement incapables de
grandes cho.ses, mais même occupés sans cesse à en
ta r i r instinctivement îa source, parce que leur esprit
borné n ’en devine jamais l’utilité et n ’en pressent
jamais l’occasion. Ces hommes se disent les amis du
positif, ce qui est vrai à leur point de vue sans p o r tée;
mais ils sont tout au plus bons à l’administration
des intérêts de leur famille. II ne suffit pas d ’apprendre
à marcher, à se baisser, à saisir avec ses
doigts, il ffmt aussi s’exercer aux difficultés de la
gymnastique, afin de donner à tous ses muscles une
souplesse convenable et u n développement complet:
il faut, de même, asssouplir ses facultés à tous les
genres d ’exercices intellectuels, sous peine de rester,
sous ce rapport, un homme incomplet.
En cela gît toute la difficulté de l’éducation : c’est
une des tâches les plus difficiles qu’il nous soit donné
d ’accomplir. Souvent nous avons attribué au défaut
de dispositions naturelles ce qu’il eût fallu attribue r
au défaut d ’observation et d ’instruction des parents,
dont l’éducation avait été elle-même fort négligée.
Tel manque de religion, parce q u ’on l’a réduite chez
lui aux proporlions de quelques pratiques dont on
ne sut jamais lui révéler le sens; tel autre n ’éprouve
jamais un sentiment de bienveillance, parce q u ’on ne
s appliqua jamais à ne développer en lui que des
idées d ’égoïsme sous forme d ’économie et de prudence
: il ne sut jamais voir au delà de lui; son monde,
c’est lui; il n ’a jamais songé à détourner les yeux
p our comprendre la souffrance, et n ’a jamais fait un
appel aux sentiments élevés de son intelligence absorbée
toute entière pa r la jouissance du bien-être
particulier. Voilà en quoi consiste la vie de cette âme
étiolée, de cet être qui n ’a de l ’homme que la forme,
el qui est moins intéressant qu’un sauvage, parce qu’il
n en a pas même la mythologie. Gomment en serait-il