Le cerveau de l’homme est une atmosphère sensible
où se réfractent la lumière, le son, le goût, les
émanations, la forme, la résistance et la tempé ra ture ;
l’intelligence qui juge est le foyer de ce monde intérieur
d’où se réfléchit la pensée motrice des actions,
directrice du libre arbitre de l’âme. Les facultés sont
donc toutes dans la puissance intellectuelle et non
dans des organes spéciaux.
Dans la bonté de l’organe et de son exercice, est
l’impression exacte de l’objet observé et étudié ; dans
le souvenir, l’intelligence se procure les éléments du
jugement ou de la comparaison... et non dans un o r gane
spécial! L’organe de la musique, c’est l’oreille
de l’homme bien organisé et répondant h son intelligence
p in s o n moins poétique; le prétendu organe
des couleurs, c’est l’oeil aboutissant au centre commun
de toutes les sensibilités, l’âme. Les animaux en ten dent,
voient et touchent sans raisonner; ils n ’appré cient
que ce qui flatte quelques appétits grossiers; ils
ne raisonnent point, ils ne peuvent donc pas distinguer
les couleurs, ils ne sauraient comparer les sons
harmoniques. Leurs organes des sens sont organisés
en conséquence de l’absence totale du raisonnement :
les sons cessant chez eux d’être des instruments
d’observation, iis sont réduits à Tétat de simples gardiens
; leur sensibilité se modifie d ’après le genre
d’habitudes qui leur sont dévolues par leur nature
spéciale, c’est-à-dire par leur destination. Les sens de
Thomme sont aux ordres de la mémoire, par l’intermédiaire
de la volonté, qui est, elle-même, laconsé -
quence de l’intelligence. Celle-ci est proportionnée à
la perfectibilité des organes perceptifs et de la mémoire
qui est l’aboutissant de ces mêmes organes.
Ainsi, nous recevons Timpression par des voies
différentes, et nous avons aussi le moyen de les répandre
au dehors par des organes différents.
Tout cela s’explique très-bien sans l ’intermédiaire
des organes de Gall. L’intelligence est une ; elle procède
toujours par voie d’analyse ; le calcul et Tordre
sont les artifices dont elle se sert, afin de déposer dans
la mémoire les résultats de ses études. Le calcul et
Tordre appartiennent essentiellement au jugement et
à la réflexion ; ils en sont deux abstractions.
La forme ovale de la tête des peuples civilisés est la
forme propre aux espèces syro-arabe et ariane, et
non une forme acquise sous l’influence de la civilisation.
Je Tai déjà dit : c’est une triste idée que de
comparer la tête d ’un sanglier domestique avec celle
du sanglier sauvage, et d’en inférer, que la civilisation
pourrait bien n ’être pour Thomme qu’une sorte
de domesticité Mais la civilisation est Tétat normal
de l’homme; Tétat sauvage ne peut être pour lui
que transitoire! Ensuite, quel rapport peut-il y avoir
entre les effets de l’intelligence, toute active, et Tac-
lion de la domesticité, toute passive? Evidemment ce
sontdes phénomènes d ’un ordre différent,et tellement
éloignés les uns des autres que tout rapprochement
est un énorme contre-sons.
L’intelligence serait bien peu de chose, si elle pouvait
subir, elle aussi, les effets de la domesticité!