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quelques individus isolés s’expatrièrent p o u r aller
s ’établir su r divers points de l’Archipel, où ils élevère
n t b ientôt des bourgades chinoises, sorte de patrie
improvisée sous le protectorat des lois du pays; mais
jamais le gouvernement chinois ne prit p a rt à ces ten tatives
industrielles.
Les Chinois p o s s éd è ren t, longtemps avant l ’Europe,
les moyens les plus puissants de propager leu r
commerce, leu rs doctrines, et d’imposer leu r domination;
la boussole, rim p rim e rie et la poudre à canon:
ils ne firent p o u rtan t aucune conquête en dehors des
limites continentales que la n a tu re avait assignées à
leu r espèce. Destinés p a r leu r position géographique
à devenir puissance m aritime, ils dédaignèrent ce
genre de gloire. Quelle en fut la cause? leu r esprit
positif qui veut des ’jouissances promptes et sûres,
qui sacrifie tout pour le présent q u ’il c ra in t d’en gager
dans les hasards de tentatives, tro p peu c ertaines
en apparence, ou en réalité. Il est honteux,
disent-ils, ci un homme qui reçut du Ciel une patrie de
chercher à en acquérir une autre.
On retrouve encore dans ce précepte, fort sage de
prime a b o rd , l’esprit de ces peuples qui envisagent
to u t du côté uniquement matériel.
Conquérir dans ce seul but de se don n er le plaisir
d asservir et de posséder, c ’est en effet un acte b rutal :
Alexandre et beaucoup d ’autres s’en ren d ire n t coupables
; ils fu ren t les instruments aveugles de la P ro vidence,
et leur orgueilleuse ambition fut leu r seul
mobile; ils ne légitimèrent point toujours leurs conquêtes
p a r la nécessité de défendre l’indépendance
de leu r pays ou de le soustraire au joug honteux de
la barbarie. Mais telles ne sont pas les seules ra isons
qui peuvent pousser une nation in stru ite et juste
dans la voie des conquêtes : la propagation de la civilisation
est u n devoir, et c’est faire preuve d ’une in telligence
bien peu réfléchie que de ne voir dans les
conquêtes qu’une seule chose : la possession d’un nouveau
te rrito ire , de nouvelles richesses.
Depuis des siècles, la b arbarie en to u re de toute
p a rt la Chine civilisée ; elle a vécu indifférente au
milieu d’elle et a laissé à la civilisation européenne,
arrivée si ta rd , la gloire de l’éclairer. Les gouvernements
européens o ntcompris qu’il y avait là, tout à la
fois, profit pour leurs peuples et dignité pour la civilisation,
à imposer au fanatisme le frein moral de la Religion
, aux sentiments sauvages des passions la morale
et des lois équitables. Mais la morale chinoise est
très-égoïste : or, tout le monde sait que F égoïsme est
ce sentiment étroit qui concentre autour de soi toutes
les facultés de l’intelligence, et ne leu r laisse p ren d re
d ’essor que lorsqu’il peut en résu lte r un b ie n -ê tre
immédiat pour l’individu. Que p eu t-o n donc a tten d re
de grand d ’un peuple de m a rch an d s, d ’a rtisans et de
cultivateurs, ennemis naturels de toute combinaison
métaphysique, et que ses tendances éloignent surtout
de l’étude de la philosophie ? Celle-ci, en effet, nous
découvre seule le secret des sciences, celui de leur
nécessité etdes idées élevées. Ne nous y méprenons pas;
les Chinois n ’ont que des codes de morale : mais ils
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