« Après rcxpédiüou do Bougainvillc, anoicu membre de
celte Académie, qui eut lieu dans les années 17G8,
17 6 9 , et dans la([uolle Commcrsoii, embarqué comme ualura-
lisle , et mort eu 1773 à l’île de France, recueillit uii grand
nombre d'observations, lualbeurcusement encore pour la plupart
manuscrites , accompagnées de dessins, quelquefois même
dos objels observés, et qui fout aujourd’bui partie des collections
du Museum ; nous devons citer le voyage de eircumiiavi-
galion commencé en 1 7 8 9 , par La Peyrouse, cl qui, par suite
de la malheureuse et fatale catastrophe qui le termina dans
l'une des îles de rarchipel de Sanla-Cruz, n ’a pu fournir à la
science les résultats importants que l’on était en droit d’attendre
des soins avec lesquels rexpédilion avait été conçue, du savoir
des ot'liciers qui la composaient cl du zèle des savants qui
avaient été embarqués. Malheureusement, en e ile t, ces résulta
ts, entiéremoul nuls pour nos collections, l ’ont été en très-
grande partie pour la scien ce, puisqu’ils ne consistent qu’en
deux mémoires deLamanon, l ’un sur les térébratules et l ’autre
sur de prétendues ammonilcs ; un troisième de Lamartiniérc,
sur quelques animaux marins et cntr’autres sur le glaucus, et
ciifiii un quatrième de La Peyrouse lui-mémc sur le commerce
des peaux de loutre du Kamtschatka.
« La troisième expédition de circumnavigation dont les naturalistes
français ont doublement à se glorifier, est celle que
la Société d’Hisloire naturelle de Paris sollicita, dans une pétition
adressée en 1794 à l’Assemblée constituante, pour aller
à la recherche de La Peyroussc, et dans laquelle, sous le commandement
de l’amiral d ’Entrecasteaux, des physiciens, des
astroiionies, des botanistes, des zoologistes furent embarqués
munis des iastruclions les plus détaillées et des instruments les
plus convenables. Malheureusement encore cette grande et belle
expédition fut aussi fort éloignée d’atteindre son but; d’abord
parce qu’elle ne put parvenir à obtenir les renseignements demandés
sur le sort de La Peyrouse et de ses compagnons, ensuite
parce qu’elle vit mourir, avec les deux commandants de
l ’expédition, plusieurs des officiers et des savants qui en faisaient
partie , cl parce que , par suite des discussions de toute
nature qui divisèrent ceux qui avaient eu le bonheur d’échapper
au scorbut et aux dysseiiteries , les bâtiments, les papiers , les
collections tombèrent entre les mains d’une puissance étrangère.
Les deux principaux naturalistes échappèrent cependant
au désastre; l’un, M. Biche, frère de notre célèbre M. deProny,
pour venir mourir presqu immédiatement dans sa patrie; l’autre,
M. delalJillardiére, plus heureux, pour nous faire profiter
d'une partie des résultats de l’expédition, du moins en botanique,
grâce à la généreuse inlluencc de Joseph Banks, qui lui
fit rendre scs collections capturées par la marine anglaise L
Toutefois la zoologie ne fut pas aussi heureuse, et sauf quelques
observations d’anthropologie et quelques espèces animales qui,
en mauvais état de conscrvaliou, ont à peine paru dans nos
collections, et qui ont été décrites par M. de la Billardiére,
dans riiistoire de ce voyage publiée par lui vers 1 8 0 0 , les fruits
de cette expédition ont été à peu prés nuls. Nous devons cependant
rappeler que c’est à elle que l ’on doit l ’introduction de
l ’arbre à pain à l’île de France, et celle du Phormium tenax
dans notre pays, ainsi qu’une première connaissance de cette
végétation si singulière de la Nouvelle-Hollande qui devait
illustrer d’une manière si profonde notre confrère M. Robert
Brown.
« N’ayant à citer la circumnavigation exécutée par le capi-
1 Après la lecture de ce passage, M. Beautemps-Beauprè a pris la parole
pour donner à rAcadèmie quelques détails sur le s faits auxquels M. le
Rapporteur fait allusion ici, et il résulte de ces explications que les bâtiments
, les papiers et les collections de l’expédition ne furent pas sa isis à
Sourabaya, mais reçus en dépôt par le gouvernement hollandais, sur la
demande expresse des officiers à qui le commandement avait échu après la
mort de MM. d’Entrecasteaux et Huon. Les collections furent ensuite embarquées
à bord d’un bâtiment de la Compagnie hollandaise pour être ramenées
en Europe sous la surveillance de M. de Rossel, et tombèrent alors
au pouvoir des Anglais, qui venaient de déclarer la guerre à la Hollande et
qui firent la capture de ce bâtiment.