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362 VOYAGE AU POLE SUD.
lie rs , qui déterminèrent la forme et en furent la
cause primitive. On ne peut donc nier qu’il en soit
ainsi de l’homme physique, et bien plus e n c o re ,
car l’intelligence domine tout chez lui, elle constitue
à elle seule le stigmate de l’humanité. Le corps
peut dégénérer, mais les facultés intellectuelles et
aiFeclives restent les mêmes. Les habitants de nos
grandes villes nous en fournissent la preuve la plus
tranchée ; que d’hommes débiles et frêles et qui cependant
font preuve d’affections élevées, des plus
hautes capacités intellectuelles! La moitié des citadins
me rappellent ce passage d’Horace, où il blâme
les vices, causes de la dégénérescence physique de
la race romaine :
Damnosa quid non immin ui t die s?
Ætas p a r en tum, pcjor a v i s , lulit
N o s n eq u io r e s , mox daluros
P ro g en icm vit ios ior cm i .
« Il n ’est rien qui ne s’altère avec le temps. Nos
pères valaient moins que nos aïeux, nous valons
moins que nos pères, et nos enfants vaudront encore
moins que nous. » Cependant, les Romains
ont transmis à leurs descendants, à leurs colonies,
le type de la race a r ia n e , dont ils descendaient.
La nature n ’a rien créé qui doive dégénérer ; elle
a détruit ses propres oeuvres; mais jusqu’au dernier
moment, elles restèrenl ce qu’elles avaient été
ab ovo. L’homme peut abrutir son e s p r i t , il peut ne
1 Horace, lib. m , ode 5.
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pas en profiter pour mériter le titre d’homme; mais
encore une fois, celte dégradation de l'âme n ’allcint
que l’individu et nullement l’espèce ; elle conserve
donc tous ses caractères et ils se transmettront intacts
il ses neveux. J ’ai eu occasion de vivre pendant
deux mois dans les montagnes de C a rh a ix ,
en Basse - Bretagne ; je vivais parmi des populations
entièrement isolées du reste de la Bretagne,
et soumises de père en fils aux usages qui remontent
à plusieurs siècles; j’avais de fréquentes relations
avec les habitants , qu’une cruelle dyssenterie décimait
alors. J ’eus l’occasion de voir que ces hommes
, pour qui l ’ignorance fut éternelle, qui sont
aussi imbus de préjugés absurdes que les hommes
les moins intelligents du genre h um a in , avaient la
supériorité morale sur les Américains et sur les
Océaniens. Ces hommes sont sérieux, réfléchis; la
vanité a peu de prise sur eux; la iermelé et le courage
sont aussi an nombre de leurs belles'qualités.
Leur regard a quelque chose de noble, comme leur
maintien ; lorsqu’ils se revêtent de leurs costumes de
fêles, tontes ces choses alors frappent immédiatement
î’oeil. Leur physionomie est calme, leurs yeux sont
grands, noirs, et l’on voit que le sentiment de leur
ignorance vis-à-vis des personnes étrangères au pays
en rend seul l’expression modeste; car ii y a bien
de la réflexion dans ces fronts hauts et larges qui
saillent au-dessus de leurs yeux.
Nulle part en France, autant qu’en Bretagne, on
n ’observe de beaux angles faciaux : nulle part je n ’en
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