du grand Prabou Jaya-Baya a conservé la mémoire
des Bdkchasas ou mauvais génies, qui liabilaient aussi
Java, avant que l’espèce malaïo vînt s’y établir.
Ainsi, primitivement, Java ne fut pas un centre de
création pour l’espèce malaise.
Java fut pour la Malaisie un centre de civilisation
qui ne fut guère profitable qu’au commerce et aux
navigateurs arabes et malaisiens; mais, q u an t au foyer
de la langue mère, il faudrait, pour le retro u v e r, que
Java, ce centre de civilisation antique de TAustralasie,
nous eût transmisThistoire deTarcbipel : or,dl n ’en est
rien ; aussi au milieu de cet obscur lab y rin th e de tan t
de dialectes, nous ne saurions ressaisir le fd, qui seul
devrait nous ram en e r à la lumière ! Parmi les peuples
sans nombre qui se ru è ren t su r Tlndoustan, au
milieu de la multitude des tribus sauvages a b o rigènes
qui mêlèrent leurs idiomes, le sanskrit devint
bientôt une langue m o rte ; nous en pouvons dire
au tan t du malaïo; tous les dialectes qui se form
èren t lors de la dispersion de ces peuplades illettrées,
le firent bientôt o u b lie r; soit qu’il subît u n trop
grand nombre de modifications, soit qu’il lû t altéré
par la création de mots devenus nécessaires,
pa r le contact des langues é tran g ère s, p a r des
changements introduits dans la prononciation. Plus
ta rd , quelques uns de ces dialectes fu ren t é c rits ;
m a is , ils ne nous m o n tren t que des analogies et ja mais
leu r descendance directe, qui bien certainement
exista. Il faut d o n c , en attendant que l’on ait des
dictionnaires complets des divers idiomes de la Ma!
I li! I
laisie et de tous les idiomes des trib u s sauvages de
l’Inde et de l’Indo-Chine, que nous en revenions en core
aux conclusions d ’un homme aussi estimable
que judicieux, qui nous précéda dans la c a rriè re ; je
veux p a rle r du célèbre Forster :
« Du rap p o rt d’un petit nombre de m o ts, d it-il,
« il ne faudrait pas conclure que ces insulaires (de
« la Polynésie), descendent des Malais; c ar, comme
« le Malais a des mots q u ’on trouve dans la langue
« des Persans, des Malabares, des Brames, des Cbin-
« gidais, des Javanais et des Malégass, il faudrait dire
« aussi que ces nations viennent des Malais : cette
« manière de raiso n n er, prouverait trop ; je suis donc
« p o rté à croire que tous ces dialectes conservent
«différents mots d’une langue an cien n e , qui é tait
« plus rép an d u e et qui s’est divisée peu à p e u , en
« différents idiomes. * »
Chose fort remarquable, la langue malaise a plus
souffert de la dispersion des insulaires de la Malaisie,
que la langue polynésienne n ’a souffert de celle des
Océaniens orientaux. L’isolement de ces d e rn ie rs
a ta ri de bonne h eu re la source des mots é tran g e rs;
les altérations n ’o n t porté exclusivement que su r la
prononciation qui, au reste, ne défigure pas tellement
un mo t qu’on ne puisse pas ord in airemen t en r e tro
u v e r la racine.
Rienzi croit avoir trouvé l’origine des Polynésiens
dans la personne des Dayas : voici en quels termes il
^ Forster père. Observat i ons, etc., 5 ' vol., page 253. 1778; trad. de
l’anglais.