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50 VOYAGE AU POLE SUD.
toute chose, la cause et l’effet sont ne'cessairement
liés p a r des rapports auxquels Dieu même ne saurait
se soustraire ; car, sans lo g iq u e, on a rrive n a tu re llement
à un résultat absurde. Or, tout ce qui nous
entoure est établi dans un ordre si parfait, dans un
état de réciprocité si complet, que la moindre in te rruption,
au milieu de cette longue chaîne de phénomènes
célestes et terrestres, en tra în e ra it le bouleversement
d’un ou de plusieurs systèmes planétaires et
changerait de nouveau la physionomie superficielle
de l’écorce solide de notre globe.
A cet ensemble de choses matérielles se rattache
la vie, p a r des liens indissolubles ; libre p a r sa n atu re
spéciale, qui est aux corps vivants ce q u ’est l’électricité
aux choses inanimées, elle re n tre dans le conc
ert général p a r son union avec la matière ; aussi,
suivit-elle la marche graduée et lente du développem
en t de la te rre ; elle se composa d ’abord d’un petit
nombre de fonctions, el la texture molle et tran sp a ren
te des premiers animaux ne leu r permettait de vivre
q u ’au sein de l’Océan.
Le développement de la vie marcha, comme toute
chose créée, du simple au composé : c’est la loi invariable
de toute création, ainsi que le démontre et
l ’étude de la te rre p a r rap p o rt à elle-même, et celle
des êtres qui l’habitèrent et de ceux qui l’habitent en core.
La raison de cette m anière de procéder ne nous
est pas nécessaire ; il nous suffit ici de constater ce
fait, parce qu il ne nous est point do n n éd ’expliquer la
création, mais seulement d’en étudier et d ’en observer
ZOOLOGIE. 51
les mystérieux effets. D’après l’idée que nous nous formons
de Dieu et de sa toute-puissance, nous admettons
qu’il peut tout p a r le seul acte de sa volonté; il
pouvait donc, disons-nous, c ré er le monde, tel que
nous le voyons, d ’un seul jet. Mais ne supposons-
nous pas une chose impossible ? cela est évident : de
rien on ne peut rien créer. Des éléments, des lois,
fidèles émissaires de la volonté suprême, se répondire
n t dans l’immensité un de ses attrib u ts visibles, et,
alors seulement, se m anifestèrent les étonnantes ré a c tions
dont l’incessant mouvement constitue le m onde.
C’est à leu r persistance que la te rre , en tre autres
sphères, dut et doit le perfectionnement de ses productions.
Tout ici bas se perfectionne avec le temps :
l’analogie nous porte donc à croire qu’il en est ou fut
de même pour les autres astres. H y a plus : le pro grès
c o n tin u e , il est aussi une loi de la n a tu re ; il
est une puissance immuable qui s’avance lentement
pour nous, éphémères créatures, mais vite pour le
monde. La céleste sagesse qui le pousse a tout soumis
à son empire, et rh om m e est au jo u rd ’hui su r la
te rre u n instrument intelligent qu’elle s’est donné et
qui la sert, lors même qu’il lui résiste ; car en re ta
rd an t le p ro g rè s , il en fait mieux sen tir la nécessité.
Mais comme toute chose raisonnable a un b u t,
quel est celui de la création? Se proposerait-elle
simplement le plaisir de la variété, en c ré an t cette
multitude d ’astres qui ro u len t dans l ’espace, et ces
êtres vivants que notre globe n o u rrit? Le monde