Iff i
•4\ ^'' ¡-i ‘ 1
■ * ' 'f •
servent toujours une partie du caractère intraitable
de Tun de leurs auteurs.
L’éducation et îa civilisation ne changent rien à la
nature primitive de l’homme ; elles éclairent l’esprit
et donnent à la physionomie cette expression animée
qui n ’est que le reflet extérieur de l’intelligence. Les
nègres nés aux colonies et élevés sur l’habitation
nous donnent la preuve de cette influence de la civilisation,
qui règle la manifestation de nos sentiments
et de nos sensations. Ils ont perdu l’apparence de b ru talité
stupide des esclaves qui provenaient jadis de
la côte d’Afrique ; les grimaces et les contorsions
qui accompagnaient ordinairement Texpression de
leurs id é e s , font place à la mobilité expressive de
leurs traits; leurs manières, leurs habitudes devienn
e n t aussi moins grossières; cette amélioration est
d’autant plus sensible que leurs traits, quoique invariablement
les mêmes que ceux de leur race, sont
aussi moins durement dessinés. Leur peau devient
plus belle et plus fine, leurs formes sont plus délicates,
et subissent des changements favorables à Tharmonie
de l’ensemble. Cette élégance des formes est,
en général, d’autant plus sensible que les lieux qu’ils
habitent, dès leur plus tendre enfance, sont plus haut
placés au-dessus du niveau de la mer. Il y a là une
supériorité physique relative due à la pureté de 1 air
• qu’ils respirent dans ces lieux élevés, et à Tabondance
et à la salubrité de la nourriture qu’ils reçoivent.
C’est surtout parmi les nègres employés au
service du maître , à litre de domestiques, qu’éclate
cette supériorité matérielle des nègres créoles, jouissant
des bienfaits de la civilisation. Mais ce sont p rincipalement
les femmes de chambre, qui profitent de
cette position d’abondance et de douce existence. Nous
remarquerons donc encore ici que les ressources, les
petits soins multipliés de l’ingénieuse civilisation sont
indispensables à la femme ; il lui faut des occupa-
tions peu fatigantes, u n abri commode, une nourriture
moins abondante, que choisie et delicate.
Lorsqu’elle a tout cela, elle s’embellit et finit par
devenir séduisante, après un certain nombre de générations.
Ce que je viens de dire des nègres est également
applicable aux autres hommes : nous voyons tous
les jours en Europe des personnes appartenant aux
rangs inférieurs de la civilisation, s’enrichir, après
avoir dévoué leur vie aux plus pénibles travaux ;
leurs enfants reçoivent de 1 éducation, ils sont éleves
avec délicatesse, et Ton s’étonne, quand on a sous
les yeux le père et la mère, qu’il puisse exister une
telle différence, abstraction faite de la distance d’âge,
entre des êtres qui se ressemblent cependant. Les
uns ont des Irails qui constituent ce que nous nommons
figures communes; les autres ont des traits
fins, délicats, parfaitement harmoniés, gracieux et
distingués. De pareilles métamorphoses se passent
tous les jours sous nos yeux; mais remarquons
qu’elles se bornent au corps, au visage, et que le
crâne conserve invariables les formes et les dimensions
de Tespèce et de la race, dans les limites de la