mê
■h'
ne possèdent pas de traités de philosophie : or la morale
n ’est que la règle de conduite que dicte la co n science;
maislaphilosophie est l’étude approfondie de
l’homme physique et intellectuel, dans ses rapports
avec Dieu et avec les choses créées. Elle est la mère
de toutes les sciences humaines, puisqu’elle étudie à
la fois les êtres inertes et vivants de la création ; elle
les compare, elle montre les divines harmonies de la
sublime pi'évoyance ; elle initie l’homme aux mystères
de l ’intelligence suprême : elle est la base du
raisonnement ; elle seule sait assigner à l’humanité le
rang q u ’elle doit occuper parmi les êtres vivants. On
le voit, l’instruction et, p a r conséquent, l’amour des
hautes combinaisons intellectuelles peuvent ê tre
seuls la source d elà morale transcendante ! Les Indo-
Chinois livrés à eux-mêmes pouvaient-ils donc a tteindre
à cette apogée de l’homme moral? L’on peut
dire de toute cette espèce, ce que Malte-Brun dit des
Chinois proprement dit : Ce sont des barbares asservis
et dressés. Il est bien remarquable qu’un pareil trait
soit ressemblant après une aussi longue suite d ’années
d ’existence comme nation, après une série de siècles
de demi-civilisation! Cela prouve u n génie assez
limité.
L’instruction seule po u rra tire r ces peuples de leur
inertie intellectuelle : cette v é rité , hélas ! me force à
un re to u r fâcheux vers l’Europe; car les pays les plus
civilisés et les plus haut placés dans l’échelle sociale
n échappent pas encore eux-mêmes à la barbarie :
on l’observe dans les classes les moins in stru ite s de
leurs sociétés, et il en sera ainsi tan t que la génération
adulte de notre époque ne sera pas entièrement
renouvelée. Redoublons donc de zèle, et apportons
plus de soins encore à la direction morale des p euples.
Il faut q u ’à des études élémentaires indispensables,
on joigne u n cours de philosophie, laquelle
en soulevant le voile des grands phénomènes de la
n a tu re , éclaire l’homme su r sa destinée, sur ses devoirs,
et lui révèle la nécessité de la Religion et de ses
grandes vérités. La Religion est au sommet de l’échelle
scientifique ; elle n ’est solide que pour celui
qui sait admirer et se confondre d’humilité devant les
oeuvres de Dieu. Plus un peuple sera susceptible
d ’instruction et de réflexion, plus il p o u rra devenir
véritablement relig ieu x : là, selon moi, est tout le
problème de la complète civilisation des peuples
qui passent p o u r ê tre civilisés, mais qui pourraien
t facilement tro u v e r encore parmi eux de nombreux
sauvages. Sans compter q u e , parmi les
hommes les plus éminents des nations les plus illustres
des temps modernes, on est encore loin de tro u v er
beaucoup d ’hommes d ’une éducation complète, dont
l’âme élevée soit au -d e ssu s de toutes les séductions
indignes de personnes haut placées, m é ritan t, à tous
égards, le titre d ’hommes civilisés, d’administrateurs
intègres, d’administrateurs inaccessibles à l ’envie, à la
haine, à la jalousie, à la foule des passions, qui n ’ont
pas leu r source dans une juste émulation, mais seulem
en t dans de misérables rivalités nationales ; dans
des intérêts d’arg en t, dans l’orgueil intolérant, irré -
M ,