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être toutes nouvelles pour la science ; e t , cliose remarquable,
presque tous ces animaux diffèrent spécifiquement de ceux découverts
dans les parages les plus voisins, et se distinguent
même de ceux qui habitent les eaux de la Nouvelle-Zélande et
du détroit de Magellan. Nous signalerons surtout, comme caractéristique
de cette petite faune carcinologique, une espèce de
Portune voisine de celle découverte par Péron dans les mers
de l ’Australasie, mais facile à reconnaître par les dentelures de
son front ; un Oxyrrhvnque intermédiaire aux I ly a s et aux
Mic ip p e s , et paraissant devoir constituer un genre particulier
dans la tribu des Maicns ; enfin une espèce à ’Jlyménosomc k
pinces renflées.
L’extrémité méridionale du continent américain avait déjà
été visitée par quelques naturalistes, mais nous ne savions presque
rien sur les crustacés de cette région ; aussi presque toutes
les espèces recueillies par MM. Hombron et Jacquinot dans le
détroit de Magellan sont-elles également nouvelles. Nous en
avons compté une dizaine dont les plus remarquables sont deux
espèces du genre Lùhode, un Oxystome voisin des Atélécyclcs,
une Galathée et un Bo p y r ien , parasite de ce dernier animaL
En visitant les glaces voisines des îles Powels, nos voyageurs
ont découvert une nouvelle espèce de Thysanopode, en nombre
si considérable, que ces crustacés, de la taille de nos chevrettes,
formaient des bancs entiers et fournissaient une pâture abondante
aux phoques et aux baleines de ces parages. Une relâche
sur la côte orientale de la Nouvelle-Zélande procura à MM. les
chirurgiens de l ’expédition quatre espèces de Décapodes qui
paraissent également nouvelles. Enfin, parmi les crustacés que
MM. Jacquinot et Hombron nous rapportent du Chili et de la
Nouvelle-Guinée, on distingue encore quelques espèces inédites.
« En somme, les crustacés déposés au Muséum par MM. Hombron
et Jacquinot, ne s éloignent que peu des types déjà connus;
mais ils offrent un intérêt particulier à raison de leur
mode de distribution géographique et des considérations qui
se raltachent à cette circonstance. Effectivement, en examinant
ces collections, nous avons été frappé de la ressemblance
qui existe entre la faune carcinologique des mers australes visitées
par M. d’ü rv ille, et celle des régions glaciales du nord
explorées par Othon Fabricius, Kotzebue, Parry et Ross. Ainsi,
le crustacé le plus remarquable de la région Scandinave est,
sans contredit, une grande espèce de Litbode, et au Kamts-
cbatka on en trouve une seconde espèce. Dans les mers tropicales
des deux mondes on n’en a jamais signalé; mais les recherches
de MM. Jacquinot et Hombron font voir que dans les
régions froides de l ’hémisplière austral ce genre singulier se
montre de nouveau et se trouve représenté par deux espèces
particulières. Un autre exemple de celte analogie entre les crustacés
habitant le voisinage des deux cercles polaires nous est
offert par le rapport numérique qui existe entre les espèces les
plus élevées en organisation et celles des ordres inférieurs. En
comparant la faune carcinologique des mers intertropicales
avec celle des côtes de l’Europe et les espèces des régions méditerranéenne
et celtique avec celles des eaux de la Norwègc et
du Groënland, nous avions déjà remarqué un cliaiigement
considérable dans ce rapport : à mesure que l ’on s’élève ainsi
de l ’équateur vers le nord, on voit le nombre relatif des décapodes
bracbyures diminuer de plus eu plus, et dans les mers
polaires de notre hémisphère ce sont les petites espèces d’amphi-
podes et d’isopodes qui représentent presque à eux seuls la
classe entière des crustacés. Or, les collections de Y Astrolabe et
d e là Zélée indiquent une tendance analogue dans Hiémisphère
austral, dont les animaux marins sont encore si imparfaitement
connus des zoologistes; les relâches effectuées par l’expédition
de M. d’Urville dans divers points de la région chaude du
grand Océan, ont fourni à nos navigateurs des décapodes assez
variés et comparativement très-peu d’espèces de la division des
Edriopbtbalmes, tandis que dans les collections recueillies à
l ’île Auckland et au détroit de Magellan, ce sont les crustacés
des ordres inférieurs qui, par le nombre des espèces, l’emportent
sur le groupe plus élevé des décapodes.