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A L K A L I S.
L e s alkalis, regardés par quelques-uns comme'
des principes primitifs, ne font pas même des principes
fecondaires, puifqu’ils ne font qu’un des plus
limples réfultats de la combinaifon de ces derniers,
c ’ eft-a-dire , de l’ union qu’a contractée l’acide
phofphorique igné ( i ) avec un excès de terre ab-
fo rb an te , comme on le voit dans les alkalis caufi-
tiques, ou de celle qu’a contraâée ce même acide
a v e c certaines proportions d ’acide méphitique, de
terre abforbante & d’e a u , comme il arrive dans les
alkalis non. caujliques ou crifiallifables. Les alkalis
diffèrent entre e u x , non-feulement par les modifications
diverfes de. l’acide conftituant qui s’y rencontre
, mais encore par les inégales proportions
de phlogiftique ou de matière graffe à laquelle ils
font unis (2 ) . C ’eft, par e x em p le , en raifon de la
Ç i) C’ eft fans doute en raifon de fbn union aduelle avec l'a cide
animal ou v é g é ta l, que la terre abforbante devient propre
à s'unir à l’acide igné pour former les alkalis. O r , ce n’eft pas
feulement par la combujlion & l’ incinération des fubftances animales
ou végétales, que la terre abforbante, ainfi modifiée,
s’unit à l ’acide ig n é , mais encore par le mouvement organique
ou vital, tant que l’animal ou la plante fubfiftent, & enfin par
les divers degrés de fermentation qu’ éprouvent les fubllances
animales & végétales au moment où ellesfe déçompofent. Voyez
Démejle, vol. 1, lettre V I I , p. 71 & fuiv.
(2 ) S a g e , Elémens de Minéralogie, vol. I , p. 16. Démefte,
Lettres, vol, I , p. 71.
plus gïande quantité de matière graffe à laquelle
il peut s’unir, que X alkali fixe végétal peut paffer
à l’état d'alkali fixe minéral (3 ) , & que celui-ci ,
par l’union qu’il contraâe avec une plus grande
quantité de phlogiftique, acquiert l’odeur & la
volatilité qui le conftituent alkali volatil (4). D ’un
(3 ) M . Baumé obferve ( dans fa Chimie expérimentale & rai-
fonnée , vo l. I , p. 324) que fi l’on fait calciner du tartre dans
des vaifieaux c lo s , il y a une bonne partie de Y alkali fixe végétal
qui fe criftallife & acquiert toutes les propriétés de Yalkali
fixe minéral. M. Sage nous apprend qu’ après avoir mêlé deux
livres A’alkali fixe du tartre, diifoutes dans fix livres d ’eau dif-
t îllé e , avec une livre d’eau-mère du tartre vitriolé ( l’eau-mére
employée dans cette expérience reftoit d’une dilTolution qui
avoit fourni fept livres de tartre; vitriolé ) , fi l’ on fait évaporer
ce mélange jufqu’ à réduûion de moitié, on obtient, par le re-
froidiffement, des criftaùx d’alkali femblables à ceux de la
foude, & q u i, faturés d’acide vitriolique, donnent du fel de
Glauber. Elémens de Minéralogie, vo l. I , p. 20.
(4) La fermentation putride produit dé Y alkali volatil; & Tes
fubllances qui contiennent de V alkali fixe le perdent fou vent durant
cette fermentation, parce qu’ il fe volatilife. C ’ eft la'raifon
pour laquelle nous obtenons d’autant moins d’alkali fixe des
fubftances animales & végétales que nous analyfons, qu’ elles
ont fourni davantage à’ alkali volatil durant cette analyfe. D é mefte,
Lettres, vol. I, p. 75 & 8r. Voici une expérience de
M. R ou e lle, qui prouve que Valkali fixe peut fe-changer en
alkali volatil. »Si vous diftillez du tartre, vous avez pour pro-
» duit, du phlegme, un acide combiné avec un peu d’alkali vo-
» la til, & de l’huile ; le réfidu charbonneux leffivé vous fournit
» de l’alkali fixe : mais f i , au lieu de leffiver ce réfidu charbon-
» n eu x , vous le diftillez avec de nouveau tartre, les produits
»feront différens : vous obtenez alors du phlegme, un peu d’a-
» çide, de Yaljcqli volatil à nu, & de l ’huile. Le réfidu charbon