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M . Sage eft le premier parmi nous qui ait conftaté
les propriétés acides de c e qu’on appeloit fi improprement
air fixe. S ’il l’a défigné dans fes premiers
ouvrages (40 ) fous les noms de mixte faim volatil
h. d’acide marin volatil, c’eft qu’il le regardoit
alors comme une modification particulière de l’acide
marin ; mais ayant reconnu depuis que c e
fluide aériforme é toit une modification de l’acide
phofphorique même o u de l’acide un iv e r fe l, il a
cru devoir adopter la dénomination d ''acide méphitique,
comme la plus propre à le caraâérifer ( 4 1 ) .
E n e ffe t, c e t acide étant celui qui,dans la Nature*
produit ces vapeurs fuffocantes & m o r te lle s , co n nues
fous le nom de mouffettes ( 4 2 ) , on ne p o u -
v o it le faire connoître fous un nom plus e x p re flif
principaux des terres en général? & c .& fur-tout foft excellente
DiJJertation fu r l’acide aérien, dans le premier volume de fes
Opufcules chimiques & phyflques, traduites par M . de Morveau.
(40)Dans fes Mémoires de C himie, ¿«-8°,1777 ; & dans lesdeux
éditions de fes Elémens de minéralogie docimaflique.
(4 1 ) V o y ez fes Expériences fu r l’a lka li v o la til flu o r , & fo u
ufage dans les a fp h ix ie s, in-iS°, 1777 ; ainfî que les Le ttres du docteur
D ém e fte , vol. I , p. 20, 5 9 , 98 & 156. On a prétendu que
l ’épitbète de méphitique devoit être rejetée , comme pouvant
également convenir à plufieurs vapeurs acides puphlogiftiquées,
qui ne font pas moins nuifibles que l’air fixe aux animaux qui
les relpirent ; mais il fuffit de faire remarquer que ces vapeurs
ont des noms & des caractères diftindifs très-connus, qui ne
peuvent permettre qu’on les confonde avec l’acide particulier
¿o n t il s’agit.
(42) Scevamgue exhalai opacamephitim. VIK.G.
A C î h ï 1 12J
& plus vrai (43)- Sa pefanteur fpécifique eft à
celle de l’air atmofphérique à peu près comme 3
eft à 2.
XVII°- L'acide phofphorique igné paroît être
ce fluide- invifible, aériforme, que des phyficiens
modernes ont défigné fous le nom d’air déphlo-
gijliqué, parce qu’ils le dégageoient en plus ou
moins grande quantité de différentes chaux métalliques.
Cet acide, qui eft en effet l’un des prin-
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(43) Les dénominations de ga\, d’air galeux, d’ air fixe, font ou
vagues, ou impropres : celle d’ acide aérien ou atmofphérique feroit
plus j ufte,fi cet acide n’ étoit pas plutôt un produit de la décompo-
ïftion de l’ a ir , qu’un de fes principes conftituans : celle d’acide
crayeux, qu’a voulu introduire un Chimifte Frânçois,feroit bonne,
fi cet acide n’ étoit propre qu’à la craie ; mais on le' dégage également
du marbre, du fpath calcaire, des alkalis non cauftiques, de
toutes les mines caiciformes, ainfî que des fubfiances végétales
par la fermentation fpiritueufe, des fubftances animales par la
fermentation putride, & ç. & c. On ne peut donc pas douter que
cet acide ne foit une des principales modifications de l ’ acide
phofphorique ou univerfel. M . de M o rv eau , qui avoit d’abord
adopté la dénomination d’ acide crayeux, a fini par l ’abandon-
per. » 11 fatit des raifons, d it - il, pour décider l ’ unanimité. Voici
» celles que je propofe. i ° . A ir fixe eft impropre & prefque
»abandonné. 2U. Gaç eft déjà approprié à tous les fluides,aéri-
» formes ; il convient de le laiffer à cette deftination. 30. Acide
» aérien nous prend une épithète d’ un ufage fréquent, & me pa-
» ro ît former un mot trop fîgnificatif. 4°. Avant d’avoir rappro-
» ché tous les principes d’une bonne nomenclature , j ’avois
»adopté acide crayeux : je fàcrifie volontiers ma première opi-
» n ion, & je préfère acide méphitique, comme fe renfermant plus
» exactement dans l’ idée d’un caradère propre & effejntiel, «
Journal de Phyfique, mai I 7 & , p. 381.