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Dépareilles retraites ou fciflures ne font point
rares dans la plupart des pierres formées par un
fîmple dépôt de matières brutes, plutôt délayées
que diffoutes dans le fluide aqueux quiles conte-
noit. On en voit fur-tout dans les gypfes grof-
Jîers (90), dans les fchijles argileux , les ardoifes,
les pierres marneufes , &c. (91).
Toutes ces matières formant une efpèce de limon
très-impregné d’humidité à Tinflant où elles
fe précipitèrent, durent, en fe deiféchant, fe ref-
ferrer, fe retirer fur ellg»mêmes, & occafionner
par la ces efpèces de fentes verticales, qui divifent
leurs couches plus ou moins horizontales en pièces
prifmatiques d’un nombre de côtés plus ou moins
grand , & fur-tout en parallélogrammes droits ou
obliques (92) ,en trapèzes , en triangles & en tra-
(90) Vo yez ci-deflus p. 473 & 475-,
- ( 9 0 M . Ferber dit avoir vu dans ie cabinet de l ’Inftitut de
Bologne dès ludus Helmontii , ou des morceaux de niarne qua-
dranguiaires formés par les eaux , dont un marqué de veines
de fpath calcaire, de Rio delle Maraviglie près de Martignon
dans le Bolonnois. Lett. fur l’ Ital. trad. franç. p. 93. Voyez,
auffi Démefte, Lettres, vol. 1 , p. 373.
C92) ” En parcourant îa campagne & les ravins des envir
o n s de Bourbonne, nous avons reconnu, dît M . Grignon ,
»»que toutes les pierres qui en compofent la maffe, affectent toutes
»> une forme rhomboïdale ; que la plus grande partie forme des
»»rhombes parfaits comme la pierre de Montigny. (C e t te pierre
»> de Montigny-le-Roi, dont on fait ufage dans ia conftruétion
» des bâtimens, forme des rhombes réguliers & de dirnenfious.
pézoïdes ; mais on doit bien fe garder de confondre
ces fragmens polyèdres avec les véritables crif-
»» variées ; il y en a qui ont jufqu’à cinq pieds,de face, fur douze
» & dix-huit d’ épaiifeur, & fept à huit pieds| de diamètre d’un
v angle aigu à l ’autre. Cette pierre eft très-dure & participe du
»grès rouge. Cette forme rhomboïdale eft obfervée dans fe
»fyfteme général de toutes les pierres de différente nature &
» qualité, jufqu’ à Bourbonne & au-delà). En brifant ces pierres,
»ajoute-t-il, nous avons reconnu que leurs fragmens font des
» rhombes ou des élémens du rhombe ; enforte qu’en parcourant
» les ravins creufés par les eaux dans des maffifs de carrières,
» les pierres qui en forment les parois coupées à p ic , préfen-
»tent un angle aigu & Taillant dirigé obliquement au ravin. Ce
» n’eft pas feulement la pierre trouée & calcaire qui affefte cette
»fo rme ; les pierres argileufes& le s grès femblent être des crif-
»tallifations opaques, figurées en rhombes dans une étendue
» d ’ environ quarante lieues carrées de pays. « ( I l peut y avoir
des grès en maffe quife délitent en pièces rhomboïdales comme
les pierres argileufes , marneufes & calcaires, dont M. Grignon
vient de parler ; mais les criftaux de grès rhomboidal de Fontainebleau.
dont il parle enfuite , loin de provenir d’un pareil
retrait, font des criftallifations proprement dites ) . » J ’ai rap-
» porté , dit i l , un morceau de grès de trois pouces & demi
» de longueur, qui forme un rhombe parfait en tous fens ; c’ eft.
» un hexaèdre tétragone. M. deRomé de l’Ifle poffède un groupe
» de criftaux rhomboïdaux qui fe font trouvés dans le centre d’un
»bloc de grès à Fontainebleau , & qui eft la fécondé preuve de
»lacriftallifationdu grès, en prenant le morceau dont je viens
» de parler, pour la première qui ait été connue ; car perfonne
» avant nous n’avoit obfervé ce phénomène & ne l’avoit décrit. «
Mém. de Phyfiq. p. 349-351. Le groupe dé grès criftallifé dont
parle ici M. Grignon, eft en effet Je premier qu’on ait obfervé. {H
eft repréfenté fig .8 , pl. III de la 3e décade des pl. enlumin. de
M. Buc’hoz). J’ai annoncé cette découverte dans le Catalqgue
des curiofitès naturelles du cabinet de , Paris 1774, ¡«-8°v