
Cette chaux ou farine d’arfenic paroît être de
toutes les chaux métalliques, celle qui peut fe
charger d’une plus grande quantité d’acide phof-
phorique igné ; auffi cette chaux qui eft très-foluble
&tres-fufible,paire-t-elle très-promptement à l’état
vitreux; Il fuffit pour cela de là foumettre à l’aètion
du feu dans des vaiffeaux affez bien fermés pour
empecher qu’elle ne fe dilfipe en vapeurs; c’eft
pourquoi une partie de celle que l’on dégage par
la torréfadion des mines de cobalt, criftallife dans
les longs conduits où elle eft reçue, en maffes vi-
treufes tranlparentes & d’un blanc jaunâtre, qui
font des groupes de criftaux oflaèdres plus ou
moins réguliers {PL I I I , fig ., , &c.) , & où l’on
tte diftingue fouvent que des fegmens plus ou moins
tvances de 1 odaedre ( 1 3 1 ) , & même des tétraèdres
(132). ;
O S 1.) I t Juperficie liqmti fulphuris ad Schmolniÿum Hungaria
piperions fponte nafcitur arfenicum cryfiallifatum, album, purum,
pellncidum, cryftallis folitariis , pyramidatis , 08.ae.iris è plants
tngonif.Xitoph, Born. part. I , p. 139. M . le profeffeur Hermann ,
e Strasbourg, m’a envoyé de cet arfenic en petits criftaux oétaè-
dres fort éclatans. Sa note portoit que celui dont M . Beckman
parie dans fa Réeenfmn.p. 13 9 , & que M. Volkmar lui a montré
a Goflar, fur les tas de pyrites mifes au feu pour en obtenir
le fou fre , paroiifoit être le même ; & il n’y a aucun doute
a former à ce ju jet.
(132 ) » Cryfialli arfenicales promifcuè tetraeiricam & o8atdtî~
»cam exhibent formam , qua itaque facilè inter fe permutari paf-
v fu u t. «< Bergm, de form, cryftail. p . 20.
D E L ’ A C I D E A R S E N I C A L , §. XIV. 2 5 3
Ce verre d'arfenic, formé par fublirriation , &
qu’on défigne aulïi fous le nom à'arfenic blanc
crijlallin (133) y perd fa tranfparence à l’air, &
devient alors d’un blanc mat ou femblable à de
l’émail blanc , parce qu’il tombe en efîlorefcence
en fe dépouillant de l’excès d’acide igné qui le
conftituoit verre. Ce verre, de même que la chaux
d’ârfenic ( 1 3 4 ) , eft foluble dans l’eau, dans les
huiles , &c.
Avant d’examiner les combinations de l’acide
arfenical de MM. Scheele & Bergman, avec dit
férentes bafes, il eft à propos d’indiquer celle de
l’arfenic même avec le phlogiftique, ainfî que celles
qu’on a produites en combinant, à l’aide d’un in-
0 3 3 ) 0n en trouve quelquefois de natif, dont il fera parîé
dans la troifième partie, à l ’article de ce demi-métal.
(134 ) Le doûeur Démefte obferve que la chaux d^rfenic eft
iï avide du principe vitrifiant, & s’en furchargè fi aifément,
qu’ elle eft la feule qui puiffe palier à l’ état de verre par la fimpïe
chaleur de 1 eau bouillante, & par confisquent par la voiè humide.
II fuffit,pour ce la, de difioudre cette chaux dans quinze
parties d’ eau bouillante, & de laiffer enfuite refroidir cette dif-
folution. Lettres, vo l. II, p. 117. On obtient alors les petis criftaux
en fegmens d’oâaédres jaunâtres & tranfparèns, dont j ’ai
parlé ci-de ffu s,p. 251. Ces criftaux de verre d’arfenic forméi
dans 1 eau nous fournifient une nouvelle preuve de criftaux produits
dans le fluide aqueux, fans avoir retenu dans leur compo-
fition la moindre partie de ce fluide. On ne doit donc pas avancer
fans reftriction, que tout criftal retient dans fa compofîtion
We portion plus ou moins grande du fluidé où il eft né.