
A G I, D E S,
X X I I0. ileau régale eft un acide mixte artificiel
que l ’on obtient par le mélange des deux acides
nitreux 8t marin. C e t acide eft le vrai diflblvant de
l ’o r , de la platine & de l’étain. L e D o fteu r D é -
rnefte obferve avec raifon que fi c e m é lan g e , au
lieu d’ être produit dans nos laboratoires, étoit l’ouv
ra g e de la N a tu r e , l’eau régale feroit pour nous
une modification de l’acide to u t auffi difficile à
expliquer que celle qui change l’acide phofphorique
pefant en acide m éph itiqu e , tandis qu’une
autre modification le conffitue acide phofphorique
volatil fum an t, le feul qui ait la propriété de c o r roder
le verre (5 8 ). M Bergman penfe que dans
l ’eau régale l’aétion de l ’açide nitreux fe borne à
dèphlogijliquer l ’acide marin, q u i , dans c e t é ta t ,
d e v ien t le propre diffolvant de l’or. M . S age p en fe ,
au contraire, que c’eft par l’a â io n dire â e & réunie
dés deux acides fur l’o r , que ce métal eft diffous. Il
eft vrai qu’après avoir d e fle ch é , puis difîbus dans
l ’eau diftillée les criftaüx d’or obtenus de l’eau
r é g a le , fi on en précipite ce métal par l’alkali fix e ,
o n n’o b tien t, par l’évaporation de la le ff iv e , que
du fel marin; c e qui a fait croire à M . B e rgm an ,
q u e dans l’eau régale il n’y avoit que ce dernier
acide qui portât fon affion fur l’or. Mais il y a tout
lieu de c ro ire , avec M , S a g e , que ce phénomène
(58) Démefte, Lettres, vo l. I , p. 23.
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provient de ce que l’acide nitreux s’exhale en partie
lorfqu’on fait évaporer ladiflblution de l’or par l’eau
régale, pour eh obtenir les criftaux (59).
(59) Voyez le détail de ces expériences de M . Sage, dans
fon Art d’ ejjayer l ’or & l’argent, p. 49 & fuiv. Si l’acide marin
diftillé fur de la manganaife n’étoit qu’ un fimple acide déphlo-
giftiqué,comme le penfe M . Bergman,par quelle modification
ceiTeroit-il d’ être le diffolvant de l’o r , après avoir été diftillé
iur une partie de fel marin décrépité? Ci-dejfus, non 57.