
C RIS TAUX P' IÈRR È U X.
L’immortel Linnéen a tellement été frappé, qu’il
n’a point héfité d’en faire la bafe de fon fyftême
lapidaire» Il eft vrai qu’on lui reproche avec raifon
d’avoir créé des affemblages .difparates, en plaçant, .
i° . dans le genre du nitre , le criftal de roche, plu» I
fieurs variétés de fpath calcaire & une félénite I
dodécaèdre ; 2°. dans le genre du-natron ou de l’a/- I
kalifixe minéral, plufieurs fpaths calcairès, des I
félénites & des fpaths féléniteux 5 30. dans le genre
du borax, plufieurs criftaux gemmes , les fchorls
& les grenats ; 4°. dans le genre du f d marin, des
fpaths calcaires , des fpaths fufibles & des fpaths fé-
iéniteux ; 50. enfin dans le genre de l'alun, un prétendu
quartz aluminiforme qui n’exifte point, les
fpaths fufibles oâaèdres, le diamant, le rubis , &c.
Cette méthode eft certainement défeâueufe,
r°. en ce qu’elle tend à faire regarder comme identiques
des fubftances qui, quoique pourvues d’une
même forme, font fouvent très-différentes par h I
nature de leurs principes conftituans ; a0, en ce que I
de fimples modifications de-la formé primitive pro- I
f fois qu’ un acide eft dégagé d'uni f e l , fi on vient à le combiner I
» a ve c une terre de même nature, & îi le faire criftailifer, il I
»forme un fel qui prend la figure qui lui eft propre.^ On eft en I
» droit de conjeSturer ,par l’analogie, que la même chofe s’opère dans I
» les pierres, & l ’on doit même l’ affirmer pofitivement»« #«-, j
marques fur le Traité de l’origine des pierres de Henckel, p. 4*7 I
de la traduftion françoife. Vo y ez àuffi le Traité de Stenon, Dt I
folido intrà folid. &c, traduit en françois dans la CoHeaipn aca-, I
démique dé D ijo n , part, étrang. vo l. I V , p. 3^3 & fuiv* I Pre I
C r i s t a u x p i e r r e u x . 4 3 3
pre à chaque pierre , nefuffifentpas pour rapporter
à des genres différens , une fubftance effentielle-
rnent la même , telle que le fpath calcaire, qu’on
voit ici diftribué dans les genres du nitre, du f d
gemme & du natron. Auiîi l’illuftre Naturalifte Suédois^
« pouvant fe diffimuler les défauts d’une pareille
diftribution, a-t-il foin d’avertir que fon intention
n’a point été de préfenter les crifaux pierreux
comme des efpèces du genre des fels, mais
feulement comme des corps qui dévoient à un principe
falin leur figure régulière & déterminée (10).
C’étoit déjà un grand pas de fait vers la con-
I noiffance des crifauxpierreux ; carie motfe l n’em-
I portoit alors avec lui que l’idée d’une fubftance
I fapide & foluble dans l’eau ( 1 1 ) , tandis que le plus
( lo ) Non ita intelligi debet h<zc élaffificatio, quafíob folamfor-
I .mam externam & poly<edricam, quam camdem cryjialli cum falibus
■ iabent, /ice ad Julia relut<e fínt, nec quaji falium ejjent petrifícate ,
| " ec i uafi minera effent undé conficipofent fa l ia ,...r E x antece-
1 ¿entibas autem jam nemini ignota erit genefís horum lapidan
■ (quae fine faíe nunquam peragi po te rit) & quód compofíta fínt.
B-Ergá non fine ratione cryfiallos adjalia , feu fale prsegnantes fa-
Ipides retuli, Amaenit» acad. voi. K p. 471. Cryfiallos quódfub-
Mjecerim falibus ne quemquam offendat, mutetvocem fklis in cryftaiír,
B/í magis placear in verbis erimus fáciles; antie idem utritm dicas
| faiia fub cryñaHorum genefi determinafife figuram aut falium ele-
I menta conftitutiva. Syft. nat. édit. X I I , tome I I I , p. 16.
E f l 1) Salia fapida, polyedra, diaphana, multiplicativa, folu-
in partículas minimas infinitas , nihilominus femper confor-
i® 11' eoncrefcentefque iterum iterumque in majores etiam confuí"
Tome I. Parí. II. Crif.pierr. E e