
La forme angulaire du,criftal, du diamant & dâ!
quelques' autres corps diaphanes, fut donc apper-
çue par les Anciens ; mais, trop peu avancés dans?
la connoiffance des différens mixtes, ils regar-r
dèrent cette forme comme une ftngularité qu’ils
fe contentèrent d’admirer, fans en chercher lai
caufe«
Les Modernes ayant rencontré ces formes angulaires
dans un très-grand nombre de fubftances
falines, pierreufes & métalliques , commencèrene
à foupçonner une loi fondamentale de laNature#
en vertu de laquelle les parties intégrantes ou fimi-
laires (8) d'un corps, atténuées, difioutes & fépa*
(8 ) M . de Morveau définit la Criftallifation , «< Une opéra-
If tion par iaqueiie une infinité de parties ftmilaïres, qui fe
if trouvent aûuellement en équilibre dans un fluide quelcon-
*> que j font déterminées à fe rapprocher par la fouftraétion d'une
é certaine portion de ce fluide, & à former avec la portion qui
a demeure des mafles régulières t telles que fa figure de ces
a parties fe décide e on ftam m en tp a r f’attraâion prochaine ré-
ciproque ,• quand efle n’ eft pas vaincue, OU par quelque per-
if cülïïon, ou par fa gravitation centrale, c’ eft-à-dirë, de pefan-
i ' teur. ’> EJfai fur la Dijfolutioh & la Criftallifation, pag. 324,
%jAuteur emploie l ’expreffion de parties Jimilaires comme généralement
plus jufte que eeffe de parties intégrantes ; » c a r , ajoute-
>»t-if, pour que l’ on pût les nommer ainfi, il faudroit que le
if fluide n’ entrât pour rien dans la produfliqn de la mafle crif-
ta llin e .. j j . J’entends donc par parties. Jimilaires $ l’homogé,
if néité téfultante d’une même denfité ou d’une toêmé confi-
»»güration des molécules J il n'importe que ces parties foient
if fimples, compofées ou fufcompofées en quelque ordre que
» ce fuit. >f Ibid, pag. 305 & 327. Il eft vrai que dans tout
fées les unes des autres par l'interpojîtion d'un fluide,
font déterminées à fe rejoindre & à former des maffes
folides , d'une figure polyèdre, régulière & confiante;
& c’eft ce qu’ils nommèrent C R IS T A L L IS A T IO N .
Dès-lors le nom dé C R IS T A L prit une lignification
plus étendue : la tranfparence & l’opacité des
fubftances furent regardées comme abfolument
indifférentes à l’arrangement régulier de leurs parties
conftituantes, & l’on mit aq rang des CR IST
A U X tous les corps du règne minéral auxquels
on trouva une figure polyèdre & géométrique,
c eft-a-dire , compofée de plufieurs faces planes,
& de certains angles déterminés, foit que ces corps
fuffent diaphanes ou non ; enforte qu’on dit aujourd’hui
des pierres opaques , des pyrites & des minéraux
, 8c même des régules métalliques qui ont des
formes régulières, qu’ils font C R I S T A L L I S É S ,
comme on le difoit autrefois des pierres tranfpa-
rentes & des fels. Mais, avant que de parler des phénomènes
de la criftallifation, qui embraffent pour
ainfî dire tout le règne minéral, & qui tiennent
de fi près aux principes élémentaires des corps, il
eft à propos de jeter un coup d’oeil fur ces mêmes
principes, & fur les rapports qu’ils ont entre eux.
criftal falin difloluble dans Peau , le principe aqueux fait une
des parties conftituantes de la criftallifation ; mais doit-on en
dire autant des criftaux, q u i, après avoir pris naiifance dans ce
fluide, n’ y confervènt plus leur diffolubilité ?
Aiy