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g Au furplus, quoique la figure des polyèdres élé-
J mentaires ou primitifs qui échappent à notre vue
j;foit d’une précilion vraiment mathématique, il ne
jfaut pas croire qu’il en (oit de même des polyè-
idres fecondaires qui réfultent de l’agrégation de
fices polyèdres élémentaires, ni qu’on puiffe expliq
u e r cette agrégation par des fpéculations purement
géométriques (65). Ainfi, quoiqu’on puiffe
démontrer en géométrie que le cube, eil compofé
de fix pyramides quadrangulaires égales, le dodécaèdre
de douze pyramides pentagones, & Vico-
faïdre de vingt pyramides triangulaires équilatérales
, dont les fommets fe réunifient au centre du
polyèdre, il ne faut pas croire qu’un criftal cubique,
dodécaèdre, icofaèdre, &c. foit le produit
de la juxtapofition d’un certain nombre déterminé
de petites pyramides carrées (66), pentagones ou
(65) Bourguet, dans fes Lettres à Cappefler, s’exprime
ainfi : ” Formatio corporum qualitercumque regularium ,u t e f t , v. g.
>» cryflallus, nunquam ab aliquo geometrâ per pura principia geo-
w metrioe démonfirari poterit.. . . Dum corpufculis cryfiallorum &
»> Jalium figuram geometricam tribuo, id minimè fecundum rigo-
>» rem ordinarium intelligo. . . . Complures optimorum phyficorum
»» & geometrarum jam olim judicarunt quod impoffibile fit fpecula-
» tionum geometricarum ope phoenomena formationis cryfialli expli-
»> tare. Qccurrunt quidem permùlta in hoc univerfo exempta corpo-
» ram figuram geometricam référendum, fed nunquam fecundum
» rigorem talis deprehenditur. «
(66) C’ eft ainfi que M . de Mairan explique la formation des
marcaffites cubiques & des cubes du fel marin, dans fa Dijfti-
tation far ¡a glace, part. U , p. 153 &* fuiy. pl. 2. •
■triangulaires; car alors il n’en réfulteroit jamais les
■troncatures multipliées que nous remarquons fur
■pluiieurs de ces criftaux.
j Dans le fel marin, par exemple, dont les molé-
Içules intégrantes font èffentiellement cubiques,
Iles petits cubes, en fe réunifiant pour former un
■utrë cube plus confidérable , ne s’appofent pas
toujours en nombre fuffifant pour former des
■tubes parfaits, de forte qu’il ne réfulte très-fou-
irent de leur agrégation que des parallélipipèdes
feâangles plus ou moins larges, plus ou moins
¿pais. De plus, ces cubes ou parallélipipèdes for-
jnés de cubes élémentaires d’une régularité parfaite
, étant fufpendus dans un fluide dont toute
fa maffe tend à criftallifer, participent à la ten-
ilance générale de ce fluide ; & quelles que puif-
fent être leur groffeur & leur pofition refpeâives
4 Pinftant du contaâ, ils n’en concourent pas
moins à la compofition du grand cube, dans lequel
ils paroiffent moins fe juxtapofer, que fe pénétrer
ltin l’autre.
■ Mais f i , par une proportion différente dans les
principes conflituans, la figure des molécules intégrantes
éprouve une modification, ou fi, par
«juelque circonftance locale, la pofition refpeâive
des molécules dans le fluide vient à changer, alors.
I f enflai résultant de l’agrégation de ces molécules
B a lui-même plus ou moins modifié, & fe pré-
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