
on n’a pas diftingué avec affez de foin les formes
primitives des criftaux , de celles qui n’en étoient
» des criftaux dans ce genre font bien plus variées que dans
» to u ta u t r e , fans qu’on fâche en donner une raifon. On n’ofe
» la chercher dans les fe ls , où jamais perfonne ne pourra prouver
» leur préfence ( l’acide du fpath calcaire, dont on ne fe doutoit
»pas du tems de Cronftedt, eft aujourd’ hui bien connu) ;&
» a u contraire on eft très-porté à s’ imaginer que beaucoup de
»co rps minéraux ont dû prendre, par aeddent, une figurean-
» guleufe à leur furface. Au refte , ajoute Cronftedt, flixtdU
» obftrvation de ces figures fert davantage à fatisfaire la curioftté,
» qu’ à procurer de l'utilité. " Éttai d’ une nouvelle Minéralogie,
traduite du Suédois, p. 20 & 27.
Lehmann répète à peu près la meme chofe. » I l faut avouer,
» d i t - i l , que,ces recherches géométriques ne font point d’ une
»grande utilité dans la Minéralogie & la M étallurgie, attende
» quelles ne peuvent conduire à aucuns principes dans fhiftoire
» naturelle des corps fouterrains, “ Traité de la formation des
mé taux , p. 148 de la trad. franç. J’éfpère que la prévention
infpirée par d’ aufli graves autorités, contre l’ étude des formes I
criftallines, cçffera par la lefture de ce Traité. Il eft fâcheux I
que des Chimiftes auffi verfés dans leur art que le font ceux!
que je viens de cite r , aient prononcé auffi légèrement fur une!
matière qu’ ils devoient par état connoître mieux que toutel
autre, & qu’ ils aient ainfi retardé les progrès d'une fciencel
qu’ ils étoient faits pour approfondir. S’il en faut croire M . Mon-1
n e t , mon fyftême fur les criftaux » a été fortement combattu par I
» M . l’ abbé Rozier, dans un de fes Journaux de P hyfique, pour I
» l e mois de mars 1772 ;& cette critique folide, ajoute-t-il-, «I
» contribua pas peu à faire apprécier cet ouvrage, & à prémunit l
» l’efprit des demi-favans, q u i, n’ ayant pas affez de connoif-l
«fance en Minéralogie, pourraient par-là être induits en erreurl
» aifément. » Nouveau Syftême deMinéralogie, 17 79 , p . 36-40.
J’ ignore fi mon ouvrage a induit en erreur quelque demi-|
favant; mais je fais bien que les vrais favans ont été peu fatis.
faits de ce qui concerne les criftaux dans la Minéralogie é®
M. Monnet.
I N T R O D U C T I O N . 67
que des dérivés ou de très-légères modifications.
Ainfi, quoique dans nos laboratoires les criftaui
defei marin fe préfentent fouvent fous la forme de
pyramides quadrangulaires creuies & renverfées ,
la figure cubique n’en eft pas moins la forme primitive
& eftentielle de ce fe l, puifque ces pyra-
i mides font toutes formées par la réunion de plusieurs
prifmes quadrangulaires, qui font eux-mêmes
tcompofés de cubes appliqués fucceilivement fur
[les côtés d’un premier cube (46).
(46) Vo yez le Mémoire de M . Rouelle l ’aîné fur le Tel ma-
irin & fa criftallifation, dans les Mémoires de l ’Jcadéjnie royaje
des Sciences, année 1745; H om b e rg ,fu r la figure pyramidale
du fel marin , Hiftoire ide l ’Académie royale des Sciences, année
1702 j p. 18 ; Junkerus confpeétus chimiee, & le Didfionnaire de
■ Chimie de M. Macque r, au mot Criftallifation. M. Rouelle a
¡“ démontré, dans le Mémoire que je viens de c ite r, que les crif-
jtaux de fel marin ne prennent une forme cubique qjie dans
.l’évaporation infenfible, parce qu’alors les priftaux pe nagent
[point h la furface du fluide qui les tient en diffolution , mais s’y
précipitent à mefure qu'ils fe forment, enforte que les prç-
Jm iè r e s unions falines ou le criftal primitif étant cubique, ,I§s
■molécules nouvelles qui s’y unifient étant également cubiques,
* il doit toujours jéfultèr de ces unions des criftaux cubiques
■plus ou moins réguliers. M . de HaMer dit auffi , dans fa Def-
jïlcription des falines du gouvernement d’A e|en , p. 85 , que {a
^Bblution de fel évaporée lentement fe criftallifé en cubes, 8c
■que celle qui eft évaporée par le moyen du f e u , .foçme dés
^mpyrainides creufes. M . de Haller , à l’ endroit cité , donne îa
■defeription de ces criftaux ; il y démontre que plus on évapore
■a faumure avec vio lence , & en employant le f e u , plus elle
■perd de fon acide. O r , le fel commun fe formant -en cubes lorf-
E ij
\s,i
i