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nant aux roches mélangées formées par criftallifa-
tlon(Voyez l’Appendice, §. I. a) , je ne dois faire
ici mention que de ceux qui paffent pour homogènes
ou purement calcaires. Tels font les marbres
blancs de Paros & de Carrare (96) , que leur emploi
dans la fculpture a rendus célèbres fous le nom
de marbre Jlatuaire. Le marbre grec ou fa lin (97)
n’en diffère qu’en ce que les molécules fpathiques
y font plus apparentes, par écailles plus diftinâes
& plus brillantes. Elles le font encore davantage
dans l’efpèce de fpath criftallifé en maffes con-
fufes, qui porte le nom de pierre-porc ou de pierre
puante (98), àcaufe d’une odeur particulière &
(96) Marmor noU.lt album Parium.Linn. Syft. nat. 1768, p. 40 1
n° 2 <*• Marbre blanc ou ftatuaire. Sage^Elém. de Miii. vo i. I ,
p. 138.; Démette , Lettres, vo l. I , p. 298 , var. 1.
(97) Marbre grec. Démette, ibid. p. 299 ,v a r. 2. Lapis cal-
carius particulis fquamofis five fpathofis. Crontt. Min. §. 9. Mar-
mor micans feu particulis fpathofo-fquamofis. Linn. ibid. p. 42,
n° 7. Petrificatis deftituitur. Swab. ibid.
(98) Spath calcaire compafte, bleuâtre & fétide, nommé pierre
porc ou pierre puante. Sage, Elém. de Minavo\.\,p . 1491 ei'p.X.
Démette, Lettres, voi. I , p. 300, var. 5. Terra calcaren p/ilogiflo
& acido vitrioli mixta , feu lapis hepaticus. Crontt. Min. §. 24.
( I I attribue l’odeur de cette pierre à unfoie de foufre vitriolique à
bafe de terre calcaire.) Bitumen hepaticum, feu gypfum foetidum
amorphum. Linn. Syft. nat. 17 6 8 ,p. 1 1 2 , n° 10. Gypfum texturâ
irregulari, façie fpathofâ, friiïione foetidum. Wali. Min. 177^1
p. i6 5 ,fp . 76. Cette pierre n’ eft point gypfeufe, mais calcaire.
Lihné & WaHerius ont é té , fans doute, induits en erreur par
Ja phrafe deCron ftedt, qui leur a fait croire que l’ acide vitrio-
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très-fétide qui s’en dégage parle frottement. Cette
odeur qui fe manjfefte auffi dans plufieurs marbres
fa l in s , eft due , fuivant M. Sage, à un foie de
foufre phofphorique à bafe terreufe , qui s’y rencontre
: elle eft fort différente de l’odeur de bitume
que rendent auffi par le frottement, les . fpaths
ou pierres calcaires mêlés d’afphalte ou de pétrole
(99).
Tous ces marbres ont une efpèce de demi-tranf-
parence qui cependant n’eft guère fenfibleque dans
les pièces peu épaiffes, ou vers les bords amincis
lique étant combiné dans cette pierre avec la terre cafcaire ii
devoit en réfulter un#gypfe ; mais fe phlogiftique uni à l ’acide
vitriofique forme du foufre, & ce foufre combiné avec la terre
calcaire, forme un foie de foufre vitriolique à bafe terreufe,un
hepar fulfuris, d’où M. Cronftedt auroit dû dériver le nom de
¡apis hepaticus qu’il donne à ce fpath. M . Sage a reconnu depuis,
que ce foie de foufre à bafe terreufe n’eft point vitriolique
, mais phofphorique , & qu’il n’ y a dans cette pierre
puante, ni foufre , ni bitume. Elle devoit être autrefois fort
commune en France, à en juger par les ftatues, les tombeaux
& autres monumens de fculpture gothique qui en font faits dans
plufieurs anciennes Eglifes, notamment à S. Hiiaire de Poitiers
& au portail des Mathurins de Paris.
(99) C ’eft à cette efpèce qu’ on doit rapporter le Bitumen
fuillum, feu marmoreum foetidum fpathiforme. Linn. Syft. nat.
*768,' p. 111 , n° 9 ; ainfi que le Nitrum fuillum. Ibid. p. 86 ,
n° 8. SpathumfriStione foetidum. Wall. Min. 17 72 , p. 14 4 , fp. 66.
Terra calcarea phlogifto fimplici mixta. Crontt. §. 23. Il eft aifé
de fentir qu’ il peut y avoir du pétrole rnterpofé dans des fpaths
de différente forme ( voyez ci-deffus, p. 552, note 74 ; & p. 558 ,
note 7 9 ) , & même dans des pierres calcaires plus groilïêres.