
ainfi que d’habiles Chimiftes l’ont penfé, des différens
degrés d’un deffèchement (42) plus connéralogifte
a pris pour un quarti tendre les fluors verts mêlés de
quartz, de Langeac en Auvergne & de Giromagny, qu’ il cite en
cet endroit. C’ eft néanmoins d’ après de tels morceaux qu’il
nous çjÆTure » que le même corps peut paroître fous des formes
» très-différentes, & fouvent oppofées à celle qu’il a dans une autre
» pofition & dans une autre circonftance ; enforte, a jou te-t-il,
» qu’en voulant établir une diilinétion entre eux de cette ma-
„ nière, on ne fait que les confondre véritablement enfemble. «
Ibid. p .-38.
(42) » Quelle exficcation, dit M . Bergman, n’a -t-il pas fallu
» p o u r durcir ces matières ( les gemmes) au point où nous les
» v o y o n s ? La chaleur qui règne dans les contrées fituées entre
» les tropiques n’eftpas fu ffifa n te il a fallu celle des Indes , & plus
» continue & plus vive. L a condenfation a fuivi l endurcijjement,
» & la gravité fpécifique en a été augmentée. Telle eft la caufe qui
» a donné à ces fulftances une dureté & une pefanteur qui l’ emporte
» fur toui les autres cri fa u x .« Recherches chimiques fur la terre
des pierres précieufes ou gemmes. Opufcules, édit. lat. v o l. Il ,
p. 98 ; & Journal de Phyfiqu e, oétobre 17 79 , p. 271.
M . Bergman n’ a fans doute pas fait attention que l’A fr iq u e ,
où la chaleur n’ eft pas moins excefiïve qu’ aux Indes, eft fans
mines de diamant; que la topaze de Saxe, Yhyacinte, le faphir,
Y aigue-marine, tic. fe trouvent ailleurs qu’ entre les tropiques;
que le grenat des Indes n’ eft pas plus dur que celui de Bohême;
que le gypfe, f i tendre en comparaifon du quartz, à côté duquel
il fe montre, a dû fe trouver expofé au même degré de chaleur
que ce dernier; que l’ émeraude a fouvent pour gangue un fpath
calcaire qui lui cède beaucoup en dureté. Tout prouve enfin
que ce n’eft point dans une exficcation plus ou moins parfaite,
mais dans la combinaifon même des principes conftituans des
gemmes & des autres criftaux, qu’il faut chercher la caufe de
leur dureté, de leur pgfanteur fpécifique & de leurs autres propriétés.
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fidérable entre les tropiques que par-tout aillems ;
car fi la chofe étoit ainfi, le crifial des Indes ou
de Madagafcar feroit plus dur que celui d’Europe,
& l’on ne trouveroit pas du fpath très-tendre à
côté de la pierre gemme la plus dure.
Au refte, il ne faut pas croire , avec M. Bergman
(43) , que dans les criftaux la condenfation
fuive Vendurcijfement, & que la gravité fpécifique
en foit augmentée ; car il en réfulteroit que la plus
grande denfité fe rencontreroit toujours avec la
plus grande dureté ; ce qui eft formellement contraire
à l’expérience. Le diamant eft, fans contredit
, la plus dure de toutes les pierres ; mais il
s’en faut de beaucoup qu’il foit la plus pefante : il
cède le pas, à cet égard, non-feulement aux rubis,
faphirs & topazes d’Orient, mais même à la topaze
de Saxe, au grenat de Bohême, à l’hyacinte du
P u y , qui font des pierres bien éloignées d’avoir
fa dureté. D ’un autre cô té , le fpath pefant ou
féléniteux, qui a fi peu de dureté, l’emporte en
pefanteur fpécifique fur toutes les pierres connues
, au point que l’on peut dire avec vérité,
que fi le diamant eft la plus dure de toutes les
pierres, c’eft le fpath féléniteux qui en eft la plus
pefante, L’o r , qui eft la plus denfe des fubftances
( métalliques, n’a pas, à beaucoup près, la dureté
(43) Voyez la note précédente.