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« fi on lui donne le temps de jeter fon eau de car-
» rière, il ne manque pas d’être effervefcent....
M. Pralon termine fon Mémoire par une conjecture
très-plaufible, qui tend à donner la raifon
pour laquelle on ne trouve du gypfe en gros crijlaux
cunéiformes, ou de première formation , que dans
les deux dernières parties de la carrière.
' » Les Chimifies, dit-il, favent qu’il faut beau-
V coup d’eau pour diffoudre très-peu de gypfe. Or,
» à mefure que la butte croiffoit, elle obligeoit
5» l’eau de fe retirer ; 8c par conféquent, dans le
» temps que la haute maffe fe formoit, le volume
d’eau déplacé égaloit prefque celui de la mon-
y> tagne. L’eau fe trouvoit alors eri trop petite quan-
» tité pour diffoudre affèz de gypfe pour faire de
» grands criftaux ; elle n’en diffolvoit que quelques
» parcelles , 8c ces parcelles font les points brillans
« qu’oivapperçoit fur lacaffure du gypfe de la haute
i> maffe ; le refte de la matière, faute d’avoir été
» diffous ( ou ne l’ayant du moins été que fort im-
9* parfaitement) , eft demeuré , en quelque forte,
a brut. Mais, pour que les chofes fe foient paffées
a ainli, il faut fuppofer que la butte s’eft élevée
»? dans un lieu retiré , où l’eau qui travailloit à la
5» former, n’avoit point, ou du moins que très-peu
5* de communication avec la haute mer ; 8c cette
» fuppofition n’eft pas dénuée de fondement. Le
»» parallélifme exaâ que gardent, entre elles les dif»
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y, férentes couches de gypfe, 8c fur-tout de marne,
a qu’une agitation un peu violente eût fi aifément
» dérangé ; les grignards, dont l’étendue, égale celle
« de la butte, 8c qui font, ainfi que je l’ai dit, tous
« placés debout ; les os des humains^c des quadru-
« pides (44) , qu’on trouve fi fou vent dans le gypfe
» de la haute rnaffe, &c ; tout cela me porte â
« croire que Montmartre s’eft formé, non pas dans
« le milieu des mers , mais affez près d’une terre
« habitée, dans un enfoncement où l’eau étoit fans
« vagues, 8c en quelque forte ifolée ; n’ayant point,
» ou du moins que très-peu de communication
« avec la haute mer , qui jouit fi rarement de la
« tranquillité dont a dû jouir l’eau quia formé cette
« butte,
(44^ M . Paul de Lamanon, dans le Mémoire que j ’ai cité
plus haut, décrit un très-bel ornitholite, des empreintes de poif-
fbns, des dents & autres ojjemens fojjiles qui ont été trouvés dans
la pierre à plâtre de Montmartre ; mais il croit que ces derniers
offemens ont plutôt appartenu à des amphibies qu’à des animaux
teireftres ; & il ne paroît pas difpofé à admettre l’ exiftence des
pétrifications humaines, depuis qu’ il a reconnu que les prétendues
têtes humaines pétrifiées trouvées dans le coeur d’un rocher
près d’A ix en Provence, n’étoient que des carapaces de tortue.
Voyez ce qu’il en a dit dans le Journal de Phyfique, décembre
1780, où il donne la figure de ces offemens. Quant à fon opi-
ïiionfur laformation de la colline gypfeufe de Montmartre,elle
eft 3tî fond la même que celle de M . Pralon.