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figure qui leur efl inhérente ( i ) , & dont la forint
crifalline efl le réfultat, ne pourront manifefter à
nos yeux leur figure élémentaire, tant que ces
principes relieront fous forme fluide ou non combinés
; & lors même qu’ils viendront à fe combiner
avec quelque autre principe hétérogène, également
doué d’une figure propre, inaeceflible à
nos organes trop groiïiers pour l’appercevoir, ce
ne fera point la figure d’aucun de ces principes
conflituans que nous appercevrons, mais une figurt
nouvelle produite par la combinaifon de ces mêmes
principes ; & c’eft Cette figure polyèdre réfultante
de la figure primitive & infenfible des principes
élémentaires hétérogènes , que nous défignons
fous le nom de C R I S T A L , dès que, par la réunion
de plufieurs molécules intégrantes, homogènes
entre elles, la maife criftalline a pris aflez de gtof-
feur pour être perceptible à nos fens.
Ce font ces formes çriftallines perceptibles à
nos fens, que je me propofe de faire connoître
( i ) Les premiers principes de tout fel fout certainement par*
fijitement fimples, folid es, & doués d'une figure quelconque,
génératrice de celle que les fubftances falines nous préfentent
dans leur état de combinaifon ; mais comme ces premiers principes
ne peuvent être faifis par aucun de nos fen s , nous fommes
réduits à ignorer leur figure, & nous ne pouvons connoître que
la figure fecondaire qui réfulte de Içur combinaifon, c’eft-à-
dire , celle des feis neutres ou prefque neutres, qui font déjà
très-coinpofés. -
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dans le cours de cet ouvrage. Je commence par
jeter un coup d’oeil rapide fur les divers acides ,
qui, dans leur état de plus grande pureté, font
vraiment incriflallifahles , mais fans lefquels 1
n’exifte point de criftallifation. Je paffe enfuite aux
alkalis, dans plufieurs defquels la combinaifon des
principes élémentaires eft aflez parfaite pour qu’ils
foient fufceptibïes de criftallifer. Enfin j’examine
|les fels neutres, qu’on obtient par la combinaifon
des divers acides avec le phlogiftique, & les différentes
bafes alkalines, terreufes & métalliques (2).
J’ai cru devoir aufli faire entrer dans l’énuméra-
tion des fels artificiels, non-feulement ceux dont
la forme efl: diftinâe & connue, mais encore ceux
qu’on obtient à peine fous forme concrète, ou
(2) On peut v o ir , dans tous les livres de chimie, les procédés
particuliers qu’on emploie pour obtenir les criftaux des différens
¡■fels : c’ eft en général par la diifolution, la filtration, l’ évaporation
& le refroidiffement gradués de différentes fubftances
ffalines. Mon objet n’étant point de rapporter ici ces procédés,
[mais d’indiquer les rapports qui peuvent exifter entre les for-
¡mes en apparence fi multipliées des fubftances falines, ceux
[qui délireront connoître plus particulièrement comment chaque
|fel fe comporte en criftallifant, peuvent avoir recours au Traité
\de Stah! fur les fels ; à deux excelfens Mémoires de M . Rouelle
(l’aîné, l’ un fur les fels neutres , l ’autre fur la criflal/ifation du
f e l marin, inférés parmi ceux de l’Académie royale des Sciences,
¡années 1744 & 1745 ; à VEJJai phyfico-chimique de M . de Mor-
r*-au [>ur k diifolution & la criftallifation ; enfin aux ouvrages
de chimie de M M . Margraff, Bergman, Sa ge , Baumé, Maç-
quer, &c. &c.