
La calcination établit encore un caraâère dif-
tin&if entre le fpath calcaire, le gypfe & le fpath
féléniteux. Par cette opération, la première de ces
pierres fe convertit en chaux, la fécondé en plâtre;
& la troiiîème, lorqu’on la calcine pendant quelque
temps à feu ouvert & avec le contaâ immédiat des
charbons, acquiert la propriété de luire dans l’obfcu-
rite, en répandant une odeur de foie de foufre très-
marquée ; c’eft alors le phofphore terreux fi connu
fous le nom de phofphore de Bologne, ville d’Italie
ou on l’a d’abord préparé.
Cette odeur de foie de foufre décompofé que
répand le phofphore de Bologne, & peut-être une
legere portion de foufre natif qui fe rencontre accidentellement
dans certains fpaths féléniteux, de
meme que dans les félénites & gypfes qui fervent
de gangue au foufre natif de Sicile, font fans doute
ce qui a fait dire a M. Monnet (9) que le fpath pe-
C$0 Voyez ion Mémoire fur la nature du fpath pefant, dans
ïe Journal de Phyfique du mois de feptembre 17 7 5 , p. 214. Ce
Chimifte dit s’ être affuré de l’exiftence du foufre dans le fpath
pefant, en fondant deux onces de ce fpath avec une once d’alcali
fix e , & en verfant fur ce mélange étendu d’eau de l’acide
nitreu x, qui en précipita un foufre mêlé dë beaucoup de terre.
Il ajoute qu’ayant fait bouillir ce précipité avec de l’ eau-forte
affoiblie, elle en diifolvit entièrement la terre , & faiiïa le foufre
feuldun beau jaune., M . S a g e , dans fon Analyfe comparée du
fpath fufible & du fpath féléniteux, inférée dans fes Mémoires
de Chimie, p. 14 & fuiv. d it, ibid. p. 32 , >>qu’en fondant en-
vfemble deux parties de fpath féléniteux & une £ alkall fix e , on
fant n’étoit point un compofé d’acide vitriolique &
de terre calcaire , ainfi que l’avoit avancé M. Mar-
graff ; mais que c’étoit une combinaifon du foufre
même avec une terre calcaire particulière , un vrai
foie de foufre terreux crifiallifable. Sil’aiTertion de
M. Monnet avoit quelque fondement, il femble
que l’odeur de ce foie de foufre terreux devroit fe
faire fentir dans le fpath féléniteux, par le fimple
frottement ou de quelque autre manière, comme
dans les mines de zinc appelées blendes ; mais, à
l’exception des fpaths féléniteux, qui, comme je
l’ai déjà d it, fe rencontrent dans certaines fou-
frières, 8c qui peuvent alors contenir du foufre que
fa couleur jaune fait diftinguer au premier coup
d’oeil, tous les autres font abfolument fans odeur ;
car celle qui fe manifefte après leur calcination ,
n’eftdue, de même que leur phofphorefcence,
nobtient une maffe blanche qui fe dilfout en partie dans l'eau
» d iftillée , & qu’on en retire, par l’ évaporation, de très-beau
>? tartre vitriolé « M. Bergman qui a fait une analyfe trèsexadle
du fpath pefant, n ’y a pas plus trouvé de foufre que M .
Sage ; aufiî M. de Morveau , dans fa traduélion des Opüfcules
du célèbre Chimifte Suédois, d it - il, dans une note fur la page
26 du premier volume , »qu’ en admettant l’exiftence du foufre
» tout formé dans le fpâth pefant, M. Monnet s'étoit éloigné de
» l’opinion de M. Bergman.« Mais on eft très-furpris de lire au
même endroit, que M. Monnet étoit le fettl en France qui eût
travaillé fur cette matière ; M . de Morveau ne devant pas ignorer
que l’ouvrage de M . Sage , que je viens de citer, étoit antérieur
de plufieurs années ii la Differtation de M. Monnet.
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