
changer; auifi Wallerius aflure-t-ii qu’elle ne
change pas ; mais il eft aifé de s’affurer du contraire.
«mieu x que ce 11e font point le s fe ls ( le s acides) qui prq-
» duifent la variété que nous remarquons dans les criftaux,
«m a« qu'elle vient des métaux, c’ eft qu'un feu! & même métal
« diffous dans difFérens acides, confirve toujours dans f i s crif-
” taux la figure qu’i l a adoptée , f i n’en change point pour prendre
» celle des f i ls . C ’ eft ainfî que le cuivre, foit qu’ on le faffe dif-
» foudre dans l ’acide n itreu x, dans l’ acide vitriolique ou dans
« l ’acide du vinaigre, produit toujours conftamment des crif-
« tau x parallélipipèdes. D e même , continue-t-if, fi on fait
« diffoudre du plomb dans du vinaigre ou dans de l’ efprit de
« n itre , on obtiendra des criftaux polygones de la même figure.
« La meme chofe arrive à tous les autres métaux qui font
« folu bles dans difFérens a cides, & qui peuvent s’y criftalli-
« fe r . « Ibid.
(Q u o iq u ’ il foit vrai de dire que la plupart des foïutiohs
métalliques par les acides, a ffe a en t, ïorfqu’ elles criftallifent,
le parallélipipède obliquangle ou rhomboïdal, on fe trompe-
roit beaucoup fi l’ on croyoit que ce parallélipipède eft le
même dans tous ces criftaux, & qu’ il s’y préfente avec la même
înclinaifon dans fes fa c e s , & la même direâion dans fes troncatures.
II fuffit, pour fe convaincre du contraire, de comparer
le s criftaux de Vénus avec ceux du nitre de cuivre & du vitriol
lieu. Les parallélipipèdes rhomboïdaux du f i l de faturne ne ref-
femblent point non plus aux précéder)s,ni à ceux du vitriol
martial, ni même aux otfaèdres aluminiformes plus ou moins
complets du nitre de plomb. )
« 3 •* On vo it dans la Nature, dit encore Wallerius, que les
«métaux mêmes affeéient une figure déterminée; & l ’on ne
«p eu t alléguer aucune raifon de croire que le f i l doive plus y
« contribuer qu’à la génération d’autres métaux qui n’ affe&ent
« point de figure. » ( J ’avoue que ceux-ci me font inconnus.)
« L e p lom b , par e xemple , a pour l ’ordinaire une figure cubi-
Il eft vrai que la figure ainfi que la nature du
fel change toutes les fois qu’un même acide eft
faturé par une nouvelle bafe, ce qui pourrait faire
croire que dans ce cas la bafe du fel neutre eft la
caufe déterminante de la figure qu’il poffède; mais
fi, d’autre part, nous préfentons à une même bafe
des acides différens, la forme & la nature du fel
feront également changés. La bafe n’eft donc pas
I la feule caufe déterminante de la /figure des crif-
| «que ,comme on peut le voir dans toutes les galènes ou mines
«de plomb : eft-ce une raifon pour dire que dans toutes les
; «galènes il fe trouve du f i l ? uibid.
( I l eft évident, par tout ce qui précède, que par Je mot f i l ,
Wallerius n’ entend qu’un acide quelconque : o r , non-feulement
la galène ou mine de plomb fujfureufe, mais le plomb
, me à 1 état métallique ou de régu le , contient un acide. Dans
le premier cas, c’eft l ’acide du foufre ; dans le fécond, c’ eft l ’acide
du principe métallifant. Les mines de plomb blanche &
verte contiennent de l ’ acide méphitique, plus connu fous le
nom d air fixe. Il eft donc vrai de dire non-feulement qu’ il
entre un fel dans la compofition de la galène, mais encore que
la galène eft un corps compofé à la manière des fels , & pour
trancher le m o t , que la galène eft elle-même un fel dont la
forme criftalline eft le cube ou i'oétaèdre. En e ffe t, f i , comme
Wallerius en convient, le f i l eft la caufi de toute criftallifation,
de cela même que la galène eft criftallifée, j ’ai droit d’en conclure
qu’un acide ou fel quelconque s’y rencontre ; car on ne
doit pas s’arrêter à la diftinétion futile que l ’acide eft feulement
caufe de la criftallifation, tandis que la bafe feule eft la caufe
de la forme. Ces deux phénomènes font inféparables l ’un de
autre, puifqu’ un criftal n’eft autre chofe qu’une figure polyèdre
ré ultanté de la combinaifon plus ou moins intime des principes
•onftituans des corps.)