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dégager l’acide conftituant, mais pas une feule
goutte d’eau, non plus que des crifiaux gemmes ,
tandis qu’on en obtient des fpaths opaques ou en
Jlalaclites, des albâtres 8c des marbres, ainfi que des
^éolites,ferpentines,fchorls,feld-fpaths, de tous les
granités, ferpentins, porphyres, 8cc. (36). L’eau, fi
efientielle à la forme criftalline des fels proprement
dits, ( dans le nombre defquels on doit ranger le
gypfe) eft donc étrangère à la criftallifation des fubf-
tances pierreufes, fulfureufes 8c métalliques, &
celle qui s’y rencontre doit être mife au nombre
des matières hétérogènes que ces fubftances retiennent
en criftallifant.
(36) M . Bayen a retiré par la diftiüation du marbre , environ
demi-gros d’eau par o n c e ; de ia ferpentiije, un gros par
on c e ; des granités & porphyres, quatre à fix gouttes d’ eau par
once. M . Bergman a obtenu de certaines \éolites un peu plus
d’ un gros d’eau par once : ie fchorl lui en a fourni moins ; mais
il convient n’ en avoir point obtenu des gemmes, & il n’enl
obtiendioit certainement pas davantage du criftal de roche, I
quoiqu’ il le confidère comme utie ea/i coagulée par des vapeursA
d’acide fluor pu Apathique. On a vu c i-d e ffu s ( page 2 , note 2) I
que M . de Morveau regardoit aufli le diamant comme une eau I
pure criflallifée. Si cela e f t , il èft bien étonnant que la poudre I
de diamant, dont on ne peut extraire une goutte d’ eau parlai
diftiüation , brûle & fe confume dans le feu , il la manière duI
phofphore ou du charbon. C'eft d’après cette dernière propriété I
que M . Fourcroy place le diamant dans la clalfe des matières I
combuftibles, avec le foufre & les métaux.
Eau-mère & matière gtajffe des Crijlaux.
L ’homogénéité des molécules intégrantes d’un
1 fluide, ou de la plus grande partie d’entre e lles,
■ étant abfolument efientielle à la criftallifation ,
■ la portion de ce fluide la plus chargée de molé-
■ cules hétérogènes eft néceflairement incrijlalli-
I fable. Tçlle eft cette portion du fluide qui refte
■ après la criftallifation des fels, 8c qui eft connue
■fous le nom à'eau-mire. Ce réfidu de la criftallifa-
■tion, chargé de molécules huileufes, nées du rap-
Bprochement 8c de la combinaifon des fubftances
■falines qu’il tenoit en diflolution (3 7 ), n’eft plus
■propre à fournir des criftaux; mais il peut fe coa-
■ guler en mafies informes, par l’évaporation de
■ l’humidité furabondante (38) , 8c même pafler à
(37) » Lorfqu’un fei, dit le Dofteur Démefte, eft tenu en
■» diflolution dans de l’eau, & que cette diflolution eft allez con-
■ » centrée pour que le fei puiffe criftaüifer, les parties confti-
■» tuantes de la fubftance faline font allez rapprochées pour
qu’elles puiflent réagir l’une fur l’autre de manière â produire
H»des molécules huileufes; celles-ci prennent alors naiflance
■» aux dépens des molécules falines, dont 1a quantité diminue à
■»»proportion de l’huile qui s’eft ainfi produite;aufli obfervons-
■ »nous que plus on fait diffoudre & criftaüifer un fei, plus fa
■»»quantité diminue; & nous remarquons aufli que les eaux-
■»> mères de toutes ces dilfolutions contiennent de la matière
Wfl’ grajfe, c’eft-à-dire, de l’huile greffe, qui refte diffovite dans
■»l’eau, h la faveur d’une petite quantité de molécules falines. «<
KLettres fu r la C h im ie, &c. vol. I , pag. 585.
I (38) Les eaux-mères reliantes après la criftallifation du vitriol
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