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taux , puifqu’une fphère n’eft autre choie qu’un
polyèdre d’une infinité de côtés, & conféquem-
ment le plus compofé de tous les polyèdres. Auffi
tous les crifiaux fphèriques né font-ils que des
groupes qui appartiennent à la crijlallifation con-
fu fe , o u , tout au plus, à Xindéterminée.
Comme la plupart des formes dont je viens de
parler fe rencontrent en même temps dans un
grand nombre de fubftances très-différentes entre
elles, on a jugé, avec'raifon, que ce feroit produire
les affociations les pluS bizarres que de s’arrêter
à la forme feule pour claffer les fubftahces
du règne minéral ; mais cela n’empêche point que
ces formes ne puiffent être coniïdérées comme un
des principaux caraâères diftinâifs de chacune des
fubftances où elles fe manifeftent, puifqu’elles dérivent
de la nature même de ces fubftances, &
de la combinaifon plus ou moins intime de leurs
principes conftituans.
En effet , on a remarqué que la forme cubique,
& fon inverfe qui eft Xoctaèdre, annonçoient toujours
une faturatioft parfaite de l’acide avec fa bafe,
ou du moins une combinaifon très-intime dans les
principes conftituans (56). C’eft ce qui fait que
l’une ou l’autre de ces deux formes primitives fe
(56) »Dans les fe ls , dit Zimmerman , plus l ’acide eft forte-
» ment combiné avec la terre, moins les criftaux ont de côtés :
» c ’eft ce que prouve le fel marin, & c .« Remarques fur Htne-
k i l , p. 4 18 , trad. franq.
rencontrent dans le diamant, le rubis fpinelle, le
fpath fufible ou vitreux, le fel marin , l’alun, plu-
fieurs mines fulfureufes, les pyrites, les métaux
natifs & tous leurs régules ; tandis que les formes
prifmatiques & rhomboïdales annoncent, pour l’ordinaire
, une union moins forte de l’acide avec fa
bafe, ou la préfence de quelque principe volatil,
¡en un mot , une faturation peu parfaite (57).
j Voilà pourquoi la plupart des fels ammoniacaux ,
ll’alkali de la foude , le nitre, le borax, le fel de
I Glauber, la félénite, tous les vitriols & fels métalliques
, les fpaths calcaire & féléniteux, les fchorls
I .& tourmaline, le grenat, plufieurs gemmes, le
I feld-fpath & le mica, prennent une forme prifma-
I bique ou rhomboïdale. Si les petits criftaux de
I roche à deux pointes, connus fous le nom de
I faux diamans, font plus durs que le criftal de
I (57) ” Les criftaux des fels qui font en aiguilles, dit encore Zim-
■»merman, annoncent une foible union de l ’acide avec la terre,
■»ou une terre extrêmement déliée, & qu’il n’y en a qu’une
■»petite quantité. C’ eft ce qu'on voit dans le nitre & fe fe l
■ ’ ammoniac : au contraire, les criftaux des fels peu élevés &
■»ramalfés annoncent une combinaifon exaéte des fubftances
■ ’ dont ils font compofés.« Le même obferve encore que dans
®a criftallifation des f e l s , comme dans celle des pierres, plus
■es matières font groffières, plus les criftaux qui en réfultent
■ont grands .& nombreux : mais le bafalte de Stolpen, qu’il cite
■>our exemple, ne prouve rien , parce que , ainfi qu’on le fera
■ o ir ailleurs, les prifmes de ce bafalte ne peuvent être placés
■ u nombre des véritables criftaux.