
C o m b i n a i s o n s d e l ’ a c i d e a r s e n i c a l a v e c
D IF F É R E N T E S BA SES.
L ’acide arfenical fe trouve uni naturellement à
Une terre métallique particulière, & d’une manière
fi intime, qu’aucun Chimifte, avant MM. Scheele
& Bergman, n’étoit parvenu à obtenir cet acide
libre, ou dégagé de fa bafe terreufe & fous forme
nuide. Il eft même douteux que l’acide arfenical
<le ces habiles Chimiftes Suédois, foit abfolument
libre , car il paroît être à cet égard dans le cas de
l’acide du fucre, c’eft-à-diFe, moins faturé de fa bafe
terreufe , & conféquemment plus propre à manî-
fefter fes propriétés acides que dans l’état ordinaire
de verre ou de chaux (128).
(128 ) Ce qui paroît démontrer que Paeide arfenical de
M . Scheele ne diffère de Parfenic ordinaire à Pétat de verre ou
de chaux, qu’en ce que l ’acide y eft plus à n u , moins faturé de
la bafe terreufe avec laquelle il fe rencontre fous forme concrète
ou eriftalline, ce font de très-beaux criftaux d’ arfenic en oétaè-
dres réguliers comme l ’ alun ( P I. l i t , fig. 1 ) , & tranfparens
comme des topazes, que j ’ ai reçus de M . de Morveau. Ce Chi-
mifte les a trouvés dans un flac m d’acide arfenical qu’il confer-
v o it bien bouché depuis près d’ un an.-Une partie nageoit à fa
furface de la liqueur; l’ autre partie étoit au fond. M. de Morveau
obferve^très-bien, dans la lettre qu’il m’ écrivit à ce fu je t,
que ces criftaux devoient leur groffeur & leur régularité parfaite ît
la lenteur avec laquelle ilsfe font formés dans cette liqueur arfe^
»¡cale avec excès d’ acide.
D E L ’ Â C I D E A f c S E N I C A L , §. XÏV.
Quoi qu’il en foit, l’arfenic dans fon état falin,
c’eft-à-dire , l’acide arfenical faturé de fa bafe, &
connu fous les noms de chaux blanche d’arfenic ou
àlarfenic blanc, forme un véritable fel neutre, qui,
de même que certains acides concrets, peut fe
combiner avec différentes bafes alkalineâ, terreufes
& métalliques. Il peut, fansfe décompofer, fe combiner
avecle phlogiftique,8cfans changer déformé
il acquiert ainii l’état métallique. Lorfque, par la
combuftion, le phlogiftique vient à s’en dégager,
l’arfenic reparoît de nouveau fous la forme d’arfenic
blanc. Tel eft celui qui fe fublime dans le
grillage ou la torréfaôion des mines de cobalt, en
vapeurs blanches & épaiffes, qui, condenfées,
produifent une poudre blanche, pefante & inodore,
nommée fleurs oü farine d’arfenic. Elle eft foluble
à l’aide de l’ébullition, dans quatorze ou quinze fois
fon poids d’eau( 12 9 ) . Parle refroidiffement &
l’évaporation de cette dilfolution , on obtient des
criftaux jaunâtres (130) & tranfparens, qui pré-
fentent divers fegmens de l’oéfaèdre ( Pl. I I I ,
f i g . 1 0 , 1 1 & i z ) .
(129) V o y e z Brandt, de femi-metallis; A S a eruditor. Upfat.
1783 > & fes O b femtions fur Parfèiiîc,'¿Aid. & dans le recueil
in- 12 des Mémoires de PAcadémie de Suède, vol. I , p. 3.
(130) lu aquâ folutum , dit Wallerius , more falium cryftalli-
fatur, cryjlaLlis minimis flavefeentibus fîgurâ cubicâ. Syft. min.
1778 , p. 157. La forme n’en eft point eubique, maïs oâaèdre.