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^22 C o m b i n a i s o n s
quantité de terre abforbante, fe trouve dans la Rature
en maffes confidérables, puifque les carrières
de gypfe ou pierre à plâtre ne font autre chofe que
d’immenfes dépôts de fèlénite criftallifèe pure , ou
mélangée de terre calcaire, d argile, de marne, 8cc.
Mais autant les criftaux de fèlénite naturelle ( qui
feront décrits dans la fécondé partie de cet ouvrage)
font grands & bien diftinâs , autant ceux de la fele—
nite artificielle font petits & difficiles a déterminer.
Ep effet, à peine ce fel eft-il formé, qu’il fe précipite
fous la forme d’une poudre blanche , ou d’aiguilles
prifmatiques rhomboïdales, extrêmement
fines & déliées. C ’ eft ainfi que le fpatk calcaire &
le fpatk pefant, artificiels ou régénérés, font en crif-
taux fi petits, qu’on en diftingue a peine la forme.,
tandis que la Nature nous offre ces même fels en
grands & beaux criftaux tranfparens , & fouvent
même très-volumineux. Il y a donc un intermède
qui nous eft inconnu, a 1 aide duquel ces cnfiaux,
plus abondamment diffous dans le fluide où ils ont
pris naiffance ,y ont pu refter auffi plus long-temps
fufpendus, & acquérir par ce moyen le volume &
la tranfparence qui manquent d’ordinaire à ceux
qui font produits dans nos laboratoires.
La chaleur du fluide doit, fans doute, y entrer
pour beaucoup ; car les criftaux de fèlénite artificielle
ou régénérée les mieux conformés que j’aie vus,
font ceux de certains dépôts quife forment dans les
DE L’ACIDE VITRIOLIQÜE, §. XVIII. 322
endroits où on leffive les pyrites martiales & cui-
vreufes, pour en extraire le vitriol. J’en ai de Sain-
b el, près Lyon, dont les criftaux ne diffèrent en
rien, quant à la forme, de la fèlénite décaèdre rhom-
boïdale naturelle ( PL V. fig. 3 7 ) ; mais ces criftaux
ont rarement plus d’une ligne de largeur, fur cinq
à fix de longueur.
Tels font encore les dépôts de félénite qui in-
cruftent les rigoles par où l’on fait couler la leffive
alumineufe dans les fabriques en grand de l’alun,
C’eft ce que l’on hommoit autrefois très-improprement
alun feaiole (200).
Les incruftations que l’on remarque dans les
vafes dont on fe fert pour faire bouillir l’eau, &
dans ceux où on laiffe refroidir beaucoup d’eau
chaude & féléniteufe, font auffi de même nature.
Ce que j’ai vu de plus régulier en ce genre, eft un
dépôt calcareo-fèléniteux, qui incrufte la chaudière
où l’on fait chauffer l’eau pour la pompe à feu du
jardin de S. A. Monfeigneur le duc de Chartres, à
Mouceaux, près Paris. Ce font des criftaux d’un
blanc mat, en prifmes hexagones, courts & comprimés
, terminés par des fommets tétraèdres à
plans trapézoïdaux (jF7. V , fig. ¿8 & 3 c» ). La
(aoo) Alumen fcagliolae. officinte appellant, quod lapidem fpe-
cularem vocamus , eà quod aluminis inftar pelluceat & in fquamas
fcindatur : quaprôpter fcagliolum vocaiit, quafi fquamofum. Viilgd
afini fpeçuium nominatur. Merc. Metalloth. Vatic. p. 56.