
; Ces êtres, les plus fimples que nous connoiflioni
dans la Nature, n’exiftent point en maffes pures 8c
ifolées, mais ils exiftent par-tout combinés, modifiés,
mélangés les uns avec les autres, en différentes
proportions 8c d’une infinité de manières;
ôbfervation dont je tire une conclufion direâe-
ment oppofee a celle de M. le Comte de Buffon,
qui prend pour é l é m e n s (14) les grandes
de l Académie de Berlin, tom. V I I , ann. 1751 ; & le Mémoire
fur fa converfîon de T e a u en terre, par M . l’abbé F ontâna ,
/fans I® Journal de Phyfique , mars 1779. Ce même Phyficieiï
Vient enfin de conftater par une expérience décifive, rapportée
/fens I® Journal de Phyfique Ç cahier de mai 1782, p . 396 , que
la .te r re qu on trouve dans les matras de criftaï, remplis d’ eau
/liftiHée, & fermés hermétiquement, après qu’ils ont été e x -
jjofés au feu pendant long-temps, provient de la diffolutioh de la
ptatière du verre, opérée par l’ eau diftilléé, & non pas de l’ eau
même changée en te r re , comme tant de Phyficiens l’ ont cru
jufqu’ à préfent.
( * 4) “ Les quatre élémens, dit M. de Buffon, orlt été bien
»> faifis par les philofophes, même les plus anciens. Ce ne font
»»Jamais que les grandes maffes qu’ i l faut confldérer, lorfqu’ on
»» veut définir la Nature. Le fo le il, l ’atmofphère, la mer & la
»/terre , font les grandes maffes fur lefquelles ils les ont établis.
»» S’il exiftoit unaftre de phlogiflique, une atmofphêre à’ alkali,
»»un océan d’ acide, & des montagnes de diamant, on pourvoit
ii'àlors les regarder comme les p r in c ip e s généraux Si réels de
■» tous les corps ; mais ce ne font au contraire que des fubflances
>»particulières, produites, comme toutes les autres, par la cornhï-
¡inaifon des véritables élémens. >■> Introd. à I’Hift. des Minéraux,
tom. I , p . 120 de I’in-40. C ’eft au contraire , pourroit-on dire à
M - de Buffon , par laraifon que. les acides, te phlogiflique & les
s lk a li s ïiz k trouvent point en maffes diftinétes & ifolées dans. la
maffes réfultantes de la combinaifon des ilé-
jnens fecondaires, qui ne font eux-mêmes que
des réfultats de la combinaifon des véritables
élémens.
C ’eft donc de la combinaifon des élémens fecon-
daires ou chimiques, les feuls que nous connoif-
fions, que réfultent non-feulement Y air atmof-,
phérique 8c le feu actuel ou développé, mais encore
les fubftances infiniment variées qui compofent"
ce que nous appelons le régne minéral. Les moins
compofées de ces fubftances, telles que les foufres.
Nature, que ces principes, répandus par-tout fans paroître nulfa
par t, doivent être cenfés véritablement élémentaires. L ’ eau d®
l ’océan n’ eft-elle pas imprégnée d’acide, de phlogiflique, &
de la terre bafe des fels que cette eau tient en diffofution ?
E lle ne feroit pas même fluide, fans le principe igné qui lui eft
«ni. H n’exifie p o in t , il eft v r a i, d’atmofphère d ’acide ou
d alkali; mais l’aikali n’ eft pas même un principe fecondaire,
puifqu’on le déçompofe; & l’ air que nous refpirons n’ exifteroit
pas , fans l’acide qui forme une de fes parties conftituantes. Ce
ne font donc pas les grandes maffes, comme te lle s , qu’il faut
confidérer, lorfqu’on veut s’élever jufqu’aux élémens ; car le
f e u , qu’il ne faut pas confondre avec la lumière,.n’ exifte peuti-
etre pas dans le fo le il; & la terre même, confidérée comme
élémentaire, ne fe trouve nulle part en maffe dans la N a tu re ,
quoique le plus grand nombre des corps folides en contienne!
A u re fte , puifque M . de Buffon regarde l’ acide & le phlogif-
tique comme des fubftances particulières produites par la combinaifon
de ce qu’ il appelle les véritables élémens, qu’il nous
indique un moyen pour foumettre à l'analyfe ces deux fubftances,
& pour en extraire je fe u , l ’a ir , la terra & Veau, q u i ,
fuivant lui, les çonftituent»