Car on fent bien que quand l’atmofphère de la comète
fut une fois débarraffée de toutes ces matières folides 6c
terreftres, il ne refta plus que la matière légère de l’air, à
travers laquelle les rayons du foleil paffèrent librement,
ce qui tout d’un coup produifit la lumière, yW lux. On
voit bien que les colonnes qui compofent l’orbe de la
terre, s’étant formées avec tant de précipitation, elles fe
font trouvées de différentes denlités, 6c que par conféquent
les plus pefantes ont enfoncé davantage dans ce fluide
fouterrain, tandis que les plus légères ne fe font enfoncées
qu a une moindre profondeur, 6c c’eft ce qui a produit
fur la furfàce de la terre des vallées 6c des montagnes :
ces inégalités étoient, avant le déluge, difperfées 6c fituées
autrement qu’elles ne le font aujourd’hui ; au lieu de la
vafîe vallée qui contient l’océan, il y avoit fur toute la
furface du globe pfuf/eurs petites cavités féparées qui
contenoient chacune une partie de cette eau, &faifoient
autant de petites mers particulières ; les montagnes étoient
aulfi plus divifées 6c ne formoient pas des chaînes comme
elles en forment aujourd’hui. Cependant la terre étoit
mille fois plus peuplée, 6c par conféquent mille fois plus
fertile qu’elle ne l’eft, la vie des hommes 6c des animaux
étoit dix fois plus longue, 6c tout cela parce que la chaleur
intérieure de la terre qui provient du noyau central,
etoit alors dans toute fa force, 6c que ce plus grand
degré de .chaleur faifoit éclorre 6c germer un plus grand
nombre d’animaux 6c de plantes, 6c leur donnoitle degré
de vigueur néceffaire pour durer plus long-temps & fe
T h é o r i e d e l a T e r r e . 175
multiplier plus abondamment; mais cette même chaleur,
en augmentant les forces du corps, porta maiheureufe-
ment à la tête des hommes 6c des animaux, elle augmenta
les paffions, elle ôta la fageffe aux animaux 6c l’innocence
à l’homme; tout, à l’exception des poiffons qui habitent
un élément froid, fe reffentit des effets de cette chaleur
du noyau, enfin tout devint criminel 6c mérita la moit.
elle arriva cette mort univerfelle un mercredi 28 novembre
, par un déluge affreux de quarante jours 6c de quarante
nuits, 6c ce déluge fut caufé par la queue d’une
autre comète qui rencontra la terre en revenant de fon
périhélie.
La queue d’une comète eft la partie la plus légère de
fon atmofphère , c’eft un brouillard tranfparent, une
vapeur fubtile que l’ardeur du foleil fait fortir du corps
6c de l’atmofphère de la comète; cette vapeur compofée
de particules aqueufes 6c aeriennes extrêmement raréfiées,
fuit la comète lorfqu’elle defcend a fon perihelie, 6c la
précède lorfqu’elle remonte , en forte qu’elle eft toûjours
fituée du côté oppofé au foleil, comme fi elle cherchoit
à fe mettre à l’ombre 6c à éviter la trop grande ardeur
de cet aftre. La colonne que forme cette vapeur eft fou-
vent d’une longueur immenfe, 6c plus une comete approche
du foleil, plus la queue eft longue 6c etendue,
de forte qu’elle occupe fouvent desefpaces très-grands,
6c comme piufieurs comètes defcendent au deffous de
l’orbe annuel de la terre, il n eft pas furprenant que la
terre fe trouve quelquefois enveloppée de la vapeur de