fur toute la fuperficie d’un vallon, quelque fpacieux qu’il
foit, & j’ai fouvent obfervé dans une campagne environnée
de collines, dont la bafe eft de glaife auffi-bien que
la première couche de la plaine, qu’au delTus d’un ruiffeau
qui y coule, la glaife fe trouve immédiatement fous la
terre labourable, & qu’au delfous du ruiffeau il y a une
épaiffeur d’environ un pied de fable fiir la glaife, qui
s’étend à une diftance confidérable. Ces couches produites
par les rivières & par les autres eaux courantes, ne
font pas de l’ancienne formation, elles fe reconnoiffent
aifément à la différence de leur épaiffeur, qui varie & n’eft
pas la même par-tout comme celle des couches anciennes,
à leurs interruptions fréquentes, & enfin à la matière
même qu’il eft aifé de juger & qu’on reconnoît avoir été
lavée, roulée & arrondie. On peut dire la même chofe
des couches de tourbes & de végétaux pourris qui fe
trouvent au deffous de la première couche de terre dans
les terreins marécageux; ces couches ne font pas anciennes
, & elles ont été produites par l’entaffement fuc-
celîif des arbres & des plantes qui peu à peu ont comblé
ces marais. Il en eft encore de même de ces couches
limonneufes que l’inondation des fleuves a produites dans
différens pays; tous ces terreins ont été nouvellement
formez par les eaux courantes ou ftagnantes, & ils ne
fuivent pas la pente égale ou le niveau auffi exactement
que les couches anciennement produites par le mouvement
régulier des ondes de la mer. Dans les couches que les
rivières ont formées on trouve des coquilles fluyiatiles,
T h é o r i e d e l a T e r r é . 93
mais il y en a peu de marines, & le peu qu’on y en
trouve, eft brifé, déplacé, ifolé, au lieu que dans les couches
anciennes les coquilles marines fe trouvent en quantité,
il n’y en a point de fluviatiles , & ces coquilles de
mer y font bien confervées & toutes placées de la même
manière, comme ayant été tranfportées & pofées en
même temps par la même caufe ; & en effet pourquoi ne
trouve-t-on pas les matières entaffées irrégulièrement,
au lieu de les trouver par couches! pourquoi les marbres,
les pierres dures, les craies, les argilles, les plâtres, les
marnes, &c. ne font-ils pas dilperfez ou joints par couches
irrégulières ou verticales ! pourquoi les chofes pelantes
ne font-elles pas toujours au deffous des plus légères !
Il eft aifé d’apercevoir que cette uniformité de la Nature,
cette elpèce d’organilation de la terre, cette jonétion des
différentes matières par couches parallèles & par lits, làns
égard à leur pelànteur, n’ont pû être produites que par
une caufe auffi puiffante & auffi confiante que celle de
l’agitation des eaux de la mer, foit par le mouvement
réglé des vents, foit par celui du flux & du reflux, &c.
Ces caufes agiffent avec plus de force fous l’équateur
que dans les autres climats, car les vents y font plus
conftans &les marées plus violentes que par-tout ailleurs;
auffi les plus grandes chaînes de montagnes font voifines
de l’équateur, les montagnes de l’Afrique & du Pérou’
font les plus hautes qu’on connoiffe ,& après avoir tra-
verfé des continens entiers, elles s’étendent encore à des
diftances très-confidérables fous les eaux de la mer oeéane.
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