
 
		Ainfi l’eau  ne travaille point  en grand  dans l’intérieur  de  
 la  terre,  mais elle y fait bien  de l’ouvrage en petit : comme  
 elle eft  divifée  en une  infinité de filets, qu’elle eft retenue  
 par autant  d’obftacles |  & enfin  qu’elle eft difperfée  
 prefque par-tout, elle  concourt immédiatement à la formation  
 de  plufieurs  fubftances terreftres  qu’il faut  diftin-  
 guer avec  foin des matières  anciennes ,  & qui en effet en  
 different  totalement par  leur forme &  par leur organifa-  
 tion. 
 Ce font  donc les  eaux raffemblées  dans  la vafte  étendue  
 des mers,  qui par le mouvement continuel  du flux &  
 du reflux ont produit les montagnes, les' vallées & les autres  
 inégalités  de  la  terre ;  ce font les  courans de la mer  qui  
 ont creufe  les  vallons  &  élevé  les  collines  en  leur donnant  
 des directions  correfpondantes ;  ce  font ces mêmes  
 eaux  de  la  mer,  qui  en  tranfportant  les  terres,  les  ont  
 difpofées  les  unes  fur les  autres  par  lits  horizontaux,  &  
 ce font les  eaux du  ciel qui peu à peu détruifent l’ouvrage  
 de la mer,  qui  rabaiflent  continuellement la  hauteur  des  
 montagnes,  qui  comblent  les  vallées,  les bouches  des  
 fleuves  &  les  golfes,  &  qui  ramenant  tout  au  niveau,  
 rendront un  jour cette  terre à la mer,  qui s’en  emparera  
 fucceffivement, en laiflànt à découvert de  nouveaux con-  
 tinens  entre-coupez  de vallons & de  montagnes,  & tout  
 femblables a ceux  que nous  habitons  aujourd’hui. 
 A Montbard, le 3   oâobre 1744. 
 P R E U V E S 
 D E   L A 
 T H E O R I E 
 DE  LA  TERRE.