longueur dans le même fens, comme l’on voit s’étendre
les ondes de la mer.
A l’égard des profondeurs qui font à la furface de la
terre, les plus grandes font, fans contredit, les profondeurs
de la mer, mais comme elles ne fe préfentent point
à l’oeil, & qu’on n’en peut juger que par la fonde, nous
n’entendons parler ici que des profondeurs de terre ferme,
telles que les profondes vallées que l’on voit entre les
montagnes, les précipices qu’on trouve entre les rochers,
les abymes qu’on aperçoit du haut des montagnes, comme
l’abyme du mont Ararath, les précipices des Alpes,
les vallées des Pyrénées; ces profondeurs font une fuite
naturelle de l’élévation des montagnes, elles reçoivent
les eaux & les terres qui coulent de la montagne, le ter-
rein en ell ordinairement très-fertile & fort habité. Pour
les précipices qui font entre les rochers, ils fe forment par
l’affaiffement des rochers, dont la bafe cède quelquefois
plus d’un côté que de l’autre, par l’aétion de.l’air & de
la gelée qui les fait fendre 6c les fépare, & par la chute
impétueufe des torrens qui s’ouvrent des routes & entraînent
tout ce qui s’oppofe à leur violence ; mais ces abymes
, c’eft-à-dire, ces énormes & vaftes précipices qu’on
trouve au fbmmet des montagnes, 6c au fond defquels il
n’efl: quelquefois pas polfible de defcendre, quoiqu’ils
aient une demi-lieue ou une lieue de tour, ont été formez
par le feu; ces abymes étoient autrefois les foyers des
volcans, & toute la matière qui y manque, en a été rejetée
par l'action & i’explofion de ces feux, qui depuis fe font
T h é o r i e d e l a T e r r e . ,
éteints faute de matière combuftible. L ’abyme du mont
Ararath dont M. de Tournefort donne la defcription dans
fon voyage du Levant, ett environné de rochers noirs &
brûlez , comme feront quelque jour les abymes de l’Etna,
du Velùve & de tous les autres volcans, lorfqu’ils auront
confumé toutes les, matières combuflibles qu’ils renferment.
I^ans 1 hifloirc naturelle de la province de Stafford en
Angleterre, par P lo t, il eft parlé d’une efpèce de goufre
qu’on a fondé jufqu a la profondeur de deux mille fix
cens pieds perpendiculaires, làns qu’on y ait trouvé d ’eau,
on n’a pû même en trouver le fond, parce que la corde
n’étoit pas affez longue. Voyei le Journal des S f avons,
année ifr&o,pag. 12.
Les grandes cavités & les mines profondes font ordinairement
dans les montagnes, 6c elles ne delcendent jamais,
à beaucoup près, au niveau des plaines, ainli nous
ne eonnoiffons par ees cavités que .'l’intérieur de la mon- z
tagne & point du tout celui du globe.
D ’ailleurs, ces profondeurs ne font pas en effet fort
confrdérables, Ray affure que les mines les plus profondes
n’ont pas un demi-mille de profondeur. La mine de
Cotteberg, qui du temps d’Agricola paffoit pour la plus
profonde de toutes les mines connues, n’avoit quezyoo
pieds de profondeur perpendiculaire. Il eff vrai qu’il y a
des trous dans certains endroits r comme celui dont nous
venons de parler dans la province de Stafford, ou le Pools-
hole dans la province de Darby en Angleterre, dont la.
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