toifes plus bas que le fommet de ces montagnes, on
trouve fouvent des matières toutes différentes de celles du
fommet, c ’eft-à-dire, des pierres, des marbres & d’autres
matières calcinables, lefquelles font difpofées par couches
parallèles, & contiennent toutes des coquilles & d’autres
productions marines ; ainfi il n’eft pas étonnant que M. de
la Condamine n’ait pas trouvé de coquilles fur ces montagnes,
fur-tout s’il les a cherchées dans les lieux les plus
élevez & dans les parties de ces montagnes qui font com-
pofées de roc vif, de grès ou de fable vitrifiable ; mais au
deffous de ces couches de fable & de ces rochers qui
font le fommet,il doity avoir dans les Cordillères, comme
dans toutes les autres montagnes, des couches horizontales
de pierres, de marbres, de terres, &c. où il fe trouvera
des coquilles; car dans tous les pays du monde où
l’on a fait des obfervations, on en a toujours trouvé dans
ces couches.
Mais fuppofons un inflant que ce fait foit vrai, & qu’en
effet il n’y ait aucune production marine dans les montagnes
du Pérou, tout ce qu’on en conclurra ne fera
nullement contraire à notre théorie, & il pourroit bien
fe faire , abfolument parlant, qu’il y ait fur le globe des
parties qui n’aient jamais été fous les eaux de la mer, &
fur-tout des parties auffi élevées que le font les Cordillères,
mais en ce cas, il y aurait de belles obfervations à faire
fur ces montagnes; car elles ne feraient pas compofées
de couches parallèles entr’eiles, comme toutes les autres
le font : les matières feraient auffi fort différentes de
celles
T h é o r i e d e l a T e r r e . 29 7
celles que nous connoiffons, il n’y aurait point de
fentes perpendiculaires, la composition des rochers & des
pierres ne reffembleroit point du tout à la composition
des rochers & des pierres des autres pays, & enfin nous
trouverions dans ces montagnes l’ancienne ftruéture de
la terre telle qu’elle étoit originairement & avant que
d ’être changée & altérée par le mouvement des eaux ;
nous verrions dans ces climats le premier état du globe,
les matières anciennes dont il étoit compofé, la forme, la
liaifon & l’arrangement naturel de la terre, &c. mais c’eft
trop efpérer, & fur des fondemens trop légers, & je penfe
qu il faut nous borner à croire qu’on y trouvera des coquilles,
comme on en trouve par-tout ailleurs.
A l’égard de la manière dont ces coquilles font dif-
pofees & placées dans les couches de terre ou de pierre,
voici ce qu en dit Woodward. « Tous les coquillages qui
fe trouvent dans une infinité de couches de terres & de «
bancs de rochers, furies plus hautes montagnes & dans «
les carrières & les mines les plus profondes, dans les «
cailloux de cornaline, de chalcédoine, &c. & dans les «
malles de fbufre, de marcaffites & d’autres matières mi- «
nerales & métalliques, font remplis delà matière même «
qui forme les bancs ou les couches, ou les maffes qui «
les renferment, & jamais d ’aucune matière hétérogène, »
■page 2 û(> èr ailleurs. « La pefanteur fpécifique des différentes
efpeces de fables ne diffère que très -peu , étant «
généralement, par rapport à l’eau, comme 2 I ou 2 .~ «
a 1, & les coquilles de pétoncle qui font à peu près de «
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