Au refte chaque couche, foit qu’elle foit horizontale
ou inclinée , a dans toute fon étendue une épaifleur
égale, c’eft-à-dire, chaque lit d’une matière quelconque,
pris à part, a une épaifleur égale dans toute fon étendue,
par exemple, lorfque dans une carrière le lit de pierre
dure a 3 pieds d’épaiffeur en un endroit, il a ces 3 pieds
d’épaifleurpar-tout; s’il a 6 pieds d’épaiffeur en un endroit
, il en a 6 par - tout. Dans les carrières autour de
Paris le lit de bonne pierre n’eft pas épais, & il n’a guère
que 18 à 20 pouces d’épaiffeur par-tout; dans d’autres
.carrières, comme en Bourgogne, la pierre a beaucoup
plus d’épaiffeur; il en eft de même des marbres,
ceux dont le lit eft le plus épais , font les marbres blancs
& noirs, ceux de couleur font ordinairement plus minces,
& je connois des lits d’une pierre fort dure & dont les
payfans fe fervent en Bourgogne pour couvrir leurs mai-
fons, qui n’ont qu’un pouce d’épaiffeur ; les épaiffeurs
des différens lits font donc différentes, mais chaque lit
conferve la même épaifleur dans toute fon étendue : en
général on peut dire que l’épaifleur des couches horizon^
taies eft tellement variée, quelle va depuis une ligne &
moins encore, jufqu’à 1, 10, 20, 30 & 100pieds d’ér
paiffeur; les carrières anciennes & nouvelles qui font
creuféès horizontalement, les boyaux des mines, & lés
■coupes a plomb, en long Sc en travers, de plufreurs montagnes
, prouvent qu’il y a des couches qui ont beaucoup
.d’étendue en toutfens. «Il eft bien prouvé, ditl’hiftorien
» de l’Académie, que toutes les pierres ont été une pâte
molle,
molle, & comme il y a des carrières prefque p a r-to u t,cc
la furface de la terre a donc été dans tous ces lieux, du «
moins jufqu’à une certaine profondeur, une vafe & une ce
bourbe; les coquillages qui fe trouvent dans prefque tou-«
tes les carrières, prouvent que cette vafe étoit une terre ce
detrempee par 1 eau de la pier, & par conféquent la mer «
a couvert tous ces lieux-là, & elle n’a pû les couvrir fans «
couvrir auffi tout ce qui étoit de niveau ou plus bas, & «
elle n’a pû couvrir tous les lieux où il y a des carrières «
& tous ceux qui font de niveau ou plus bas, fans couvrir «
toute la furface du globe terreftre. Ici l’on ne confidère «
point encore les montagnes que la mer aurait dû couvrir «
auiïî, puifqu il s y trouve toûjours des carrières & fou- «
vent des coquillages ; fi on les fuppofoit formées, le «
raifonnement que nous faifons en deviendrait beaucoup «
plus fort. «
La mer, continue-t-il, couvrait donc toute la terre,«
& de-la vient que tous les bancs ou lits de pierre qui font«
dans les plaines, font horizontaux & parallèles entre eux, «
les poiffons auront été les plus anciens habitans du globe, «
qui ne pouvo'it encore avoir ni animaux terreftres, ni oi- «
féaux. Mais comment la mer s’eft-elle retirée dans les«
grands creux, dans les vaftes baflins qu’elle occupe pré-«
fentement ! Ce qui fe préfente le plus naturellement à«
l’efprit, c’eft que le globe de la terre, du moins jufqu’à«
une certaine profondeur, n’etoit pas folide par-tout, mais «
entre-mêlé de quelques grands creux dont les voûtes fe «
font foûtenues pendant un temps, mais enfin font venues à«
Tome I. • I i