contours à peu près comme les ouvrages de fortification.
Lorfque le corps d’une montagne va d’occident en orient,
elle forme des avances qui regardent, autant qu il eft pof-
fible, le nord & le midi : cette régularité admirable eft fi
fenfible dans les vallons, qu’il femble qu’on y marche dans
un chemin couvert fort régulier; car fi, par exemple, on
voyage dans un vallon du nord au lud , on remarque que
la montagne qui eft à droite forme des avances, ou des
angles qui regardent l’orient, & ceux de la montagne du
côté gauche regardent l’occident, de forte que néanmoins
les angles làillans de chaque côté répondent réciproquement
aux angles rentrans qui leur font toujours alternativement
oppofez. Les angles que les montagnes forment
dans les grandes vallées, font moins aigus, parce quels
pente eft moins roide & qu’ils font plus éloignez les uns
des autres; & dans les plaines ils ne font fenfibles que dans
le cours des rivières, qui en occupent ordinairement le
milieu-; leurs coudes naturels répondent aux avances les
plus marquées, ou aux angles les plus avancez des montagnes
auxquelles leterrein où les rivières coulent, va aboutir.
Il eft étonnant qu’on n’ait pas aperçu une chofe fi vifible ;
& lorfque dans une vallée la pente de l’une des montagnes
qui la borde, eft moins rapide que celle de l’autre, la rivière
prend fon cours beaucoup plus près de la montagne la plus
rapide, de elle ne coule pas dans le milieu. Voyez Lettres
yhilofoph. Jtir la format, des fels,p a g . 18i V 200.
On peut joindre à ces obfervations d autres obferva-
iions particulières qui les confirment, par exemple , les
T h é o r i e d e l a T e r r e . 3 2 3
montagnes de Suifle font bien plus rapides, & leur pente
eft bien plus grande du côté du midi que du côté du nord,
& plus grande du côtédu couchant que du côté du levant;
on peut le voir dans la montagne Gemmi, dans le mont
Brifé, St dans prefque toutes les autres montagnes. Les
plus hautes de ce pays font celles qui féparent la Valléfie
&les Grifons de la Savoie, du Piémont & du Tirol; ces
pays font eux-mêmes une continuation de ces montagnes,
dont la chaîne s’étend jufqu’à la méditerranée, & continue
même allez loin fous les eaux de cette mer; les montagnes
des Pyrénées ne font aulfi qu’une continuation de cette
vafte montagne qui commence dans la Valléfie fupé-
rieure, & dont les branches s’étendent fort loin au couchant
& au midi, en fe foûtenant toujours à une grande
hauteur, tandis qu’au contraire du côté du nord & de i'eft
ces montagnes s abailïent par degres julqu’à devenir des
plaines, comme on le voit par les vaftes pays que le Rhin,
par exemple, & le Danube arrofent avant que d’arriver à
leurs embouchûres, au lieu que le Rhône defeend avec
rapidité vers le midi dans la mer méditerranée. La même
obfervation fur le penchant plus rapide des montagnes du
côté du midi & du couchant, que du côté du nord ou du
levant, le trouve vraie dans les montagnes cl'.Angletcitc
& dans celles de Norvège; mais la partie du monde où
cela fe voit le plus évidemment, c’eft au Pérou & au Chily;
la longue chaîne des Cordillères eft coupée très-rapidement
du cote du couchant, le long de la mer pacifique,
au lieu que du cote du levant elle s abailîe par degrés dans
S f jj