défaut comme les autres, malgré la loupe & le micro-
fcope.*
Après cette expofition fincère des fondemens fur lesquels
on a bâti les différens fyflèmes de Botanique, ij eft
aifé de voir que le grand défaut de tout ceci eft une
erreur de Métaphyfique dans le principe même de ces
méthodes. Cette erreur confifte à méconnoître la marche
de la Nature, qui fè fait toujours par nuances, & à vouloir
juger d’un tout par une feule de les parties : erreur bien
évidente, & qu’il eft étonnant de retrouver par-tout ; car
prefque tous les Nomenclateurs n’ont employé qu’une
partie, comme les dents, les ongles ou ergots, pour ranger
les animaux, les feuilles ou les fleurs pour diftribuer les
plantes, au lieu de fe fervir de toutes les parties, & de
chercher les différences ou les reflemblances dans l’individu
tout entier : c’eft renoncer volontairement au plus
grand nombre des avantages que la Nature nous offre
pour la connoître, que de refufer de fe fervir de toutes
les parties des objets que nous confidérons; & quand
même on ferait affuré de trouver dans quelques parties
prifes féparément, des caractères conftans & invariables,
* Hoc verb fyjlema, Linnoei fc ilic e t, jam cognitis plant arum methodis
longe viliiis & inferiîis non folùm, fe d é f infuper nîmîs coaâum, tubrïcum
Ù 1 fa îla x , imo lufonum deprehenderim ; quidem in tantum, ut non folùm
quoad difpofitionem ac denominationem plantayum énormes confufiones pojl fe
trahùt, fe d & vix nonplenaria doflrince Botanic ce folidioris obfcuratio Ù*
perturbatio inde fu erit metuenda. Vaniloq. Botan. fpecimen refutatum à
Siegelteck. Petropoli 1 7 4 1 *
l’H 1 s t o i r e N a t u r e l l e . zi
il ne faudrait pas pour cela réduire la connoiffance des
productions naturelles à celle de ces parties confiantes
qui ne donnent que des idées particulières & très-imparfaites
du tout, & il me paraît que le feul moyen de faire
une méthode inftructive & naturelle, c’eft de mettre
enfemble les chofes qui fe reflëmblent, & de féparer
celles qui diffèrent les unes des autres. Si les individus
ont une reffemblance parfaite, ou des différences fl petites
qit’on ne puiffe les apercevoir qu’avec peine, ces
individus feront de la même elpèce; fi les différences
commencent à être fenfibles, & qu’en même temps il y
ait toujours beaucoup plus de reffemblance que de différence,
les individus feront d’une autre elpèce, mais du
même genre que les premiers ; & fi ces différences font
encore plus marquées, fans cependant excéderles reffem-
blances, alors les individus.feront non feulement d ’une
autre elpèce, mais même d ’un autre genre que les premiers
& les féconds, & cependant ils feront encore de
la même claffe, parce qu’ils fe reffemblent plus qu’ils ne
diffèrent; mais fi au contraire le nombre des différences
excède celui des reflemblances, alors les individus ne
font pas même de la même claffe. Voilà l’ordre méthodique
que l’on doit fuivre dans l’arrangement des productions
naturelles ; bien entendu que les reflemblances
&les différences feront prifes non feulement d ’une partie,
mais du tout enfemble, & que cette méthode d’inlpeélion
fe portera fur la forme, fur la grandeur, fur le port extérieur,
fur les différences parties, fur leur nombre, fur leur
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