38 M a n i è r e de t r a i t e r
confidérabies & très-étendus, les ferpens , par exemple,
les coquillages , les crultacées, & il paraît au premier
coup d’oeil qu’ils ont été oubliez ; car on n’imagine pas
d’abord que les ferpens foient des amphibies, les cruf-
tacées des infeétes & les coquillages des vers ; au lieu
de ne faire que fix claffes, fi cet auteur en eût fait douze
ou davantage , & qu’il eût dit les quadrupèdes , les
oifeaux, les reptiles, les amphibies, les poilfons cétacées,
les poilfons ovipares , les poilfons mous, les crultacées,
les coquillages, les infeétes de terre, les infeétes de mer,
les infeétes d’eau douce, &c. il eût parlé plus clairement
, & fes divifions eulfent été plus vraies & moins
arbitraires ; car en général plus on augmentera le nombre
des divifions des productions naturelles, plus on approchera
du vrai, puifqu’il n’exifte réellement dans la nature
que des individus, & que les genres, les ordres & les
clalfes n’exillent que dans notre imagination.
Si l’on examine les caractères généraux qu’il emploie,
& la manière dont il fait fes divifions particulières, on y
trouvera encore des défauts bien plus elfentiels ;. par
exemple, un caractère général comme celui pris des mamelles
pour la divifion des quadrupèdes, devrait au moins
appartenir à tous les quadrupèdes , cependant depuis
Ariltote on fçait que le cheval n’a point de mamelles.
II divife la clalfe des quadrupèdes en cinq ordres |
le. premier Anthropomorpha, le fécond Feroe, le troi-
fième Glires, le quatrième Jumenta, & le cinquième
Pecora ; & ces cinq ordres renferment , félon lui ,
tous les animaux quadrupèdes.. Oit va voir par l’expo-
fition & l’énumération même de ces cinq ordres, que
cette divifion: eft non feulement arbitraire., mais encore
très-mal imaginée ; car cet Auteur met dans, le premier
ordre l’homme, le finge:, le parefTeux. Sc 1e lézard écailleux.
Il faut bien avoir la manie de faire des claffes pour
mettre enfemble des, êtres:auffi différons que l’homme &
le pareffeux, ou le finge & le lézard; écailleux. Paffons
au fécond ordre qu’il appelle Feroe, les.bêtes féroces; il
commence en effet parle lion, le tigre, mais if continue
par. le chat, la belette, la. loutre , le veau - marin , le
chien , fours,. le blaireau), & il!finit par Je hériffon, la
taupe & la chauve-feuris.. Aurait-on jamais cru que le
nom de Feroe. en latin , beies^fauvages, owfêraces en fran-
çois,. eût pu être donné àla chauve-fburis, à la taupe,.
au hériffon ; que les animaux domeffiques, comme le
chien & le chat,, biffent des bêtes fàuvages.''&. n’y- a-t-il
pas. à cela uneauffi grande équivoque de bons fcns que
de mots! Mais voyons le troifième ordre d ire s les loirs,.
ces loirs de M. Linnæus font le porc-épic, le lièvre,
1.écureuil, lë caflor ét les. rats;; j avoue que dans tout
cela je ne vois qu’une efpèce de rats qui .fait en effet
un loir. Le quatrième ordre eft celui des Jumenta ou
bêtes de fournies, ces bêtes.de femme font l’éléphant,
1 hippopotame,la mufàraigne, le cheval & le cochon;
autre affemblage., comme on voit, qui eft auffi gratuit
& auffi bizarre que fi l’Auteur eût travaillé dans le
deffein de le rendre tel. Enfin le cinquième ordre Pecora