fable ou de pierre qu’on y trouve, font de deux efpèces,
les unes groffières & maffives, les autres plus fines &
quelquefois impalpables ; les plus greffes viennent de la
couche inférieure dont on les détache en labourant & en
travaillant la terre, ou bien le limon fupérieur en fe giifiant
& en pénétrant dans la couche inférieure qui eft de fable
ou d’autres matières divifées, forme ces terres qu’on appelle
des fables gras ; les autres parties pierreufes qui font
plus fines, viennent de l’air, tombent comme les rofées
& les pluies , & fe mêlent intimement au limon ; c’eft
proprement le réfidu de la poulfière que l’air tranfporte,
que les vents enlèvent continuellement de la furface de
la terre, & qui retombe enfuite après s’être imbibée de
l’humidité de l’air. Lorfque le limon domine, qu’il fe
trouve en grande quantité, & qu’au contraire les parties
pierreufes & fàbionneufes font en petit nombre, la terre
eft rougeâtre, paîtrilfable & très-fertile ; fi elle eft en même
temps mêlée d’une quantité confidérable de végétaux ou
d’animaux détruits, la terre eft noirâtre, & fouvent elle eft
encore plus fertile que la première ; mais fi le limon n’eft
qu’en petite quantité, auffi-bien que les parties végétales
ou animales, alors la terre eft blanche & ftérile, & lorfque
les parties fablonneufes, pierreufes ou crétacées qui
compofent ces terres ftériles & dénuées de limon , font
mêlées d’une aflezgrande quantité départies de végétaux
ou d ’animaux détruits, elles forment les terres noires &
légères qui n’ont aucune liaifon & peu de fertilité ; en forte
q u e , fuivant les différentes combinaifons de ces trois
differentes matières, du limon , des parties d’animaux & de
végétaux, & des particules de fable & de pierre, les terres
font plus ou moins fécondes & différemment colorées.
Nous expliquerons en détail dans notre difcours fur les
végétaux, tout ce qui a rapport à la nature & à la qualité des
différentes terres; mais ici nous n’avons d’autre but que
celui de faire entendre comment s’eft formée cette première
couche qui enveloppe le globe & qui provient du
limon des eaux.
Pour fixer les idées, prenons le premier terrein qui fe
préfente, & dans lequel on a creufé aflez profondément,
par exemple, le terrein de Marly-la-Ville où les puits font
très-profonds ; c’eft un pays élevé, mais plat & fertile,
dont les couches de terres font arrangées horizontalement.
J ’ai fait venir des échantillons de toutes ces couches que
M. Dalibard, habile Botanifte & verfé d’ailleurs dans
toutes les parties des Sciences, a bien voulu faire prendre
fous fes yeux, & après avoir éprouvé toutes ces matières
à l’eau forte, j’en ai drefle la table fuivante.
E ' T A T des dijférens lits de terre qui fe trouvent à
AIarfy-la-Yille, jufqiîà cent pieds de profondeur. *
I.
Terre franche rougeâtre, mêlée de beaucoup de limon, d une
très-petite quantité de fable vitrifiable, & d’une quantité un peu plus
confidérable de fable calcinable, que j’appelle gravier. 13p'c
* La fouille a été faite pour un puits dans un terrein qui appartient actuellement
à M. de Pommery, . . . - -
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