338 H i s t o i r e Na tu r e l l e .
ne fera plus dans le milieu de la vallee, mais elle fera
d’autant plus voifine de la colline la plus rapide, que
cette rapidité de pente fera plus grande que celle de la
pente de l’autre colline ; l’endroit le plus bas du terrein
dans ce cas, n’eft plus le milieu de la vallée, il eft beaucoup
plus prés de la colline dont la pente efl la plus grande,
& c’ell par cette raifon que la rivière en eft aufïi
plus près ; dans tous les endroits où il y a d un cote de la
rivière des montagnes ou des collines fort rapides, & de
l’autre côté des terres élevées en pente douce, on trouvera
toujours que la rivière coule au pied de ces collines
rapides, & quelle les fuit dans toutes leurs directions,
fans s’écarter de ceS collines, jufqu’à ce que de l’autre
côté il fe trouve d’autres collines dont la pente foit affoz
confidérable pour que le point le plus bas du terrein fe
trouve plus éloigné qu’il ne l’étoit de la colline rapide. Il
arrive ordinairement que par la fucceffion des temps la
pente de la colline la plus rapide diminue & vient à s adoucir,
parce que les pluies entraînent les terres en plus grande
quantité, & les enlèvent avec plus de violence fur une
pente rapide que ftirune pente douce, la riviere eft alors
contrainte de changer de lit pour retrouver l’endroit le
plus bas du vallon ; ajoûtez à cela que comme toutes les
rivières groffiffont & débordent de temps en temps, elles
tranfportent & dépolènt des limons en diffèrens endroits,
■ &. que fouvent il s’accumule des fables dans leur lit, ce
qui fait Tefluer les eaux & en change la direction ; ■ il
eft a (fez ordinaire de trouver dans les plaines un grand
T hé o r i e de la Terre. 5 i y
nombre d’anciens lits de la rivière, fur-tout fi elle eft im-
pétueufe & fujette à de fréquentes inondations, & fi elle
entraîne beaucoup de fable & de limon.
Dans les plaines & dans les larges vallées où coulent
fes grands fleuves, le fond du lit du fleuve eft ordinairement
1 endroit le plus bas de la vallée ; mais fouvent la
furfaee de 1 eau du fleuve eft plus élevée que les terres
qui font adjacentes à celles des bords du fleuve. Suppo-
fons, par exemple, qu’un fleuve foit à plein bord, c’eft-
a-dire, que les bords & l’eau du fleuve foient de niveau,
& que l’eau peu après commence à déborder des deux
cotes, la plaine fora bien-tot inondée jufqu’à une largeur
èonfidérablë, & l’on obfervera que des deux côtés du
fleuve les bords feront inondez les derniers, ce qui prouve
qu’ils font plus élevez que le refte du terrein, en forte que
de-chaque cote du fleuve, depuis les bords jufqu’à' un
certain point de la plaine, il y a une pente infenfible, une
efpece de talus qui fait que la furfaee de l’eau du fleuve
eft plus elevee que le terrein de la plaine, fur-tout lorfque
le fleuve eft a plein bord. Cette élévation du terrein aux
bords des fleuves provient du dépôt du limon dans les
inondations ; l’eau eft communément très-bourbeufe dans
les grandes crues des rivières ; lorfqu’elle commence à
déborder, elle coule très-lentement par deflus les bords,
elle depofo le limon quelle contient, & s’épure, pour
ainfi dire, a mefure qu’elle s’éloigne davantage au large
dans là plaine; -de même toutes les parties de limon
que le courant de la rivière n’entraîne pas, font dépofées
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