6 6 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
moeurs des animaux ou de la culture & de la végétation
des plantes, appartiennent peut-être moins à l ’Hiftoire
Naturelle que lesréfultats généraux des obfervations qu’on
a faites fur les différentes matières qui compofent le globe
terreftre, fur les éminences, les profondeurs & les inégalités
de fa forme, fur le mouvement des, mers, fur la
direction des montagnes, fur la pofition des carrières,,
fur la rapidité & les effets des courans de la mer, &c.
Ceci eft la Nature en grand, & ce font-là fes principales
opérations, elles influent fur toutes les autres, & la théorie
de ces effets eft une première fcience de laquelle dépend
l’intelligence des phénomènes particuliers,auffi-bien que
la connoiflancc exaéte des fubftances terreftres ; & quand'
même on voudrait donner à cette partie des’ fciences.
naturelles le nom de Phyjîque, toute Phÿfique où l’on
n’admet point de lÿftèmes n’eft-elle pas l’Hiftoire de lai
Natiire !
Dans des fujets d’une vafte étendue dont les rapports
font difficiles à rapprocher, où les faits font inconnus err
partie, & pour le refte incertains, il eft plus-aifé d’imaginer
un lyftème que de donner une théorie; auffi lai
théorie de la terre n’a-t-elle jamais été traitée que d’une
manière vague & hypothétique. Je ne parlerai donc que
légèrement des idées fingulières de quelques Auteurs qui
ont écrit fur cette matière.
L ’un * plus ingénieux que raifonnable, Aftronome
convaincu du fyftème de Newton, envifageant tous les
* Whifton. Voyez. les preuves de h théorie de la terre, art. z.
T h é o r i e de la T e r r é . 6j
événèmens poflîbles du cours & de la direétion dès aftres,
explique, à l’aide-d’un calcul mathématique, par la queuë
d ’une comète, tous les changemens qui font arrivez au
globe terreftre.
Un autrea, Théologien hétérodoxe, la tête échauffée
de vifions poétiques, croit avoir vû créer l’Univers ; ofant
prendre le ftyle prophétique, après nous avoir dit ce
qu’étoit la terre au fortir du néant, ce que le déluge y a
changé, ce qu’elle a été & ce qu’elle eft, il nous prédit ce
qu’elle fera, même après la deftruétion du genre humain.
Un troifième b, à la vérité meilleur obfervateur que
les deux premiers, mais tout auffi peu réglé dans fes idées,
explique par un abîme immenfe d’un liquide contenu
dans les entrailles du globe, les principaux phénomènes
de la terre, laquelle, félon lui, n’eft qu’une croûte luper-
ficielle & fort mince qui fert d’enveloppe au fluide qu’elle
renferme.
Toutes ces hypothèfes faites au hafàrd, & qui ne portent
que fur des fondemens ruineux, n’ont point éclairci
les idées & ont confondu les faits, on a mêlé la fable, à
la Phÿfique ; auffi ces lÿftèmes n’ont été reçus que de
ceux qui reçoivent tout aveuglément, incapables qu’ils
font de diftinguer les nuances du .vrai-femblable, & plus
flattez du merveilleux que frappez du vrai.
Ce que nous avons à dire au fujet de la terre fera là ns
doute moins extraordinaire , & pourra paraître commun
a Bumet. Voyez les preuves de la
théorie de la terre, art. 3.
h Woodward. Voyez les preuves,
art. 4.
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