Plongeurs a qu’aux plus grandes profondeurs où ils puif-
fent defcendre, qui font de vingt brades, le fond de la
mer eft remué au point que l’eau fe mêle avec la terre,
qu’elle devient trouble, & que la vafe & les coquillages
font emportez par le mouvement des eaux à des diftan-
ces confidérables ; par conléquent dans tous les endroits
de la mer où l’on apû defcendre, il fe fait des tranfports
de terre & de coquilles qui vont tomber quelque part
& former, en fe dépofant.des couches parallèles & des
éminences qui font compofées comme nos montagnes
le font; ainfi le flux & le reflux, les vents, les courans,
& tous les mouvemens des eaux produiront des inégalités
dans le fond de la mer, parce que toutes ces caufes
détachent du fond & des côtes de la mer, des matières
qui fe précipitent enfuite en forme de fédimens.
Au relie il ne faut pas croire que ces tranfports de
matières ne puiffent pas fe faire à des diftances confide-
rabies, puifque nous voyons tous les jours des graines 6c
d ’autres productions des Indes orientales & occidentales
arriver k fur nos côtes ; à la vérité elles font Ipécifique-
ment plus légères que l’eau, au lieu que les matières dont
nous parlons font plus pelantes, mais comme elles font
réduites en poudre impalpable elles fe foûtiendront affez
long-temps dans l’eau pour être tranlportées à de grandes
diftances.
Ceux qui prétendent que la mer n’eft pas remuee a
* Voyez Boy le’s Works» vol. 3. p. b Particulièrement fur les côtes d’E-
colîe& d’Irlande. V • Ray’s Difcourfes»
T h é o r i e d e l a T e r r e . S y
de grandes profondeurs, ne font pas attention que le flux
& le reflux ébranlent & agitent à la fois toute la maffe des
mers, & que dans un globe qui ferait entièrement liquide
il y aurait de l’agitation & du mouvement jufqu’au centre;
que la force qui produit celui du flux & du reflux, eft
une force pénétrante qui agit fur toutes les parties proportionnellement
à leurs malfes ; qu’on pourrait même
mefurer & déterminer par le calcul la quantité de cette
aélion fur un liquide à différentes profondeurs, & qu’en-
fin ce poin^ne peut être contefté qu’en fe refufant à l’évidence
du raifonnement & à la certitude des obfervations.
Je puis donc fuppofer légitimement que le flux & Le
reflux, les vents 6c toutes les autres caufos qui peuvent
agiter la mer, doivent produire par le mouvement des
eaux, des éminences 6c des inégalités dans le fond de la
mer, qui forant toujours compofées de couches horizontales,
ou egalement inclinées; ces éminences pourront
avec le temps augmenter confidérablement, & devenir
des collines qui dans une longue étendue de terrein fe
trouveront, comme les ondes qui les auront produites ,
dirigées du même fens, 6c formeront peu à peu une
chaîne de montagnes. Ces hauteurs une fois formées
feront obllacle à 1 uniformité du mouvement des eaux;
6c il en relultera des mouvemens particuliers dans le
mouvement général de la mer. Entre deux hauteurs voi-
fines il fe formera néceffairement un courant * qui foi-
vra leur direétion commune, 6c coulera comme coulent
* Voyez les preuves, art. 13.