trouvent au même niveau, quoique les collinesfoientréparées
par des intervalles profonds 6c confidérables. J ’ob-
ferve que dans tous les lits de terre 6c * même dans les
couches plus folides, comme dans les rochers, dans les
carrières de marbres 6c de pierres, il y a des fentes, que
ces fentes font perpendiculaires à l’horizon, 6c que dans
les plus grandes, comme dans les plus petites profondeurs,
c’eft une efpèce de règle que la Nature fuit conflamment.
Je vois de plus que dans l’intérieur de la terre, fur la
cime des monts b & dans-les lieux les plus éloignez de la
mer, on trouve des coquilles, des fquelettes de poiflbns
de mer, des plantes marines, &c. qui font entièrement
femblables aux coquilles, aux poilTons, aux plantes actuellement
vivantes dans la mer, & qui en effet font
abfolument les mêmes. Je remarque que ces coquilles
pétrifiées font en prodigieufe quantité, qu’on en trouve
dans une infinité d’endroits, qu’elles font renfermées dans
1 intérieur des rochers 6c des autres malfes de marbre &
de pierre dure, aulfi-bien que dans les craies & dans les
terres; 6c que non feulement elles font renfermées dans
toutes ces matières, mais qu’elles y font incorporées,
petrifiees & remplies de la fubftancc même qui les environne
: enfin je me trouve convaincu par des obferva-
tions réitérées que les marbres, les pierres, les craies,
les marnes, les argiles, les fables & prefque toutes les
matières terreftres font remplies de c coquilles & d’autres
* Voyez les preuves, art. 8. Bourguet, Scheuchzer, lesTfanf. phi!.
*> Voyez les preuves, art. 8. les Mém. de l’Acad. &ç.
* Voyez Stenon, 'Woodward, Ray,
T h é o r i e de la T e r r e . 7 7
débris de la mer, 6c cela par toute la terre 6c dans tous
les lieux où l’on a pû faire des obfervations exaétes.
Tout cela pofé, raifonnons.
■ Les changemens qui font arrivez au globe terrellre
depuis deux & même trois mille ans, font fort peu confidérables
en comparaifon des révolutions qui ont dû fe
faire dans les premiers temps après la création , car il elt
aifé de démontrer que comme toutes les matières terreftres
n’ont acquis de la folidité que par 1’aCtion continuée
de la gravité 6c des autres forces qui rapprochent 6c réu-
nilfent les particules de la matière, la furfàce de la terre
devoit être au commencement beaucoup moins folide
qu’elle ne l’eft devenue dans la fuite , 6c que par confé-
quent les mêmes caufes qui ne produifent aujourd’hui
que des changemens prefqu’infenfibles dans l’efpace de
plufieurs fiècles, dévoient caufer alors de très-grandes
révolutions dans un petit nombre d’années ; en effet il
paroît certain que la terre actuellement sèche 6c habitée
a été autrefois fous les eaux de la mer, 6c que ces eaux
étoient flipérieures aux fommets des plus hautes montagnes
, puifqu’on trouve fur ces montagnes 6c jufque fur
leurs fommets des productions marines 6c des coquilles,
qui comparées avec les coquillages vivans font les mêmes
-, 6c qu’on ne peut douter de leur parfaite reffem-
blance ni de l’identité de leurs efpèces. Il paroît auffi
que les eaux de la mer ont féjourné quelque temps fur
cette terre, puifqu’on trouve en plufieurs endroits des
bancs de coquilles fi prodigieux 6c fi étendus, qu’il n’eft
K iij