de fable & de coquilles que des vents de mer ont pouffées
vers la terre. M. Barrère en cite un autre exemple qui m’a
paru mériter de trouver place ici. « L ’eau de la mer par fon
» mouvement détache de fon fein une infinité de plantes,
« de coquillages, de vafe, de fable que les vagues pouffent
» continuellement vers les bords, & que les vents impétueux
» de mer aident à pouffer encore ; or tous ces différens corps
» ajoutez au premier atterriffement, y forment plufieurs nou-
§ velles couches ou monceaux, qui ne peuvent fervir qu’à
» accroître le lit de la terre-, à l’élever, à former des dunes,
» des collines, par des fables, des terres, des pierres amon-
» celées, en un mot à éloigner davantage le bafîin de la mer,
» & à former urt nouveau continent.
» II efh vifible que des alluvions ou des atterriffemens
» lucceffifs ont été faits par le même méchanifme depuis
» plufieurs fiècles, c’eft-à-dire, par des dépofitions réitérées
» de différentes matières, atterriffemens qui ne font pas de
» pure convenance, j’en trouve les preuves dans la Nature
» même, c’eft-à-dire, dans différens lits dé coquilles foffi-
» les & d’autres pro du étions maripes qu’on remarque dans
»le Rouffillon auprès du village de Naffiac, éloigné de la
» mer d’environ fept ou huit lieues ; ces lits de coquilles
» qui font inclinez de l’oueft à l’eft fous différens angles,
»font féparez les uns des autres par des bancs de fable &
» de terre, tantôt d’un pied & demi, tantôt de deux à trois
»pieds d’épaiffeur; ils font comme fàupoudrez de fellorf-
» que le temps eft fe c , & forment enfemble des coteaux
»de la hauteur de plus de vingt-cinq à trente toifes; or
T h é o r i e d e l a T e r r e . 5 9 9
une longue chaîne de coteaux fi élevez n’apû fe former
qu’à la longue, à différentes reprifes dtparla fucceffion
des temps, ce qui pourrait être auffi un effet du déluge
ou du bouleverfement univerfel qui a dû tout confondre,
mais qui cependant n’aura pas donné une forme réglée à
ces différentes Couches de coquilles foftiles qui auraient
dû être affemblées fans aucun ordre. »
Je penfe fur cela comme M. Barrère, feulement je ne
regarde pas les atterriffemens comme la feule manière
dont les montagnes ont été formées, & je crois pouvoir
affurer au contraire, que la plûpart des éminences que
nous voyons à la furface de la terre, ont été formées dans
la mer même, & cela par plufieurs raifons qui m’ont toû-
jours paru convaincantes ; premièrement, parce qu’elles
ont entr’elles cette correfpondance d’anglesfàillans & rentrons,
quifuppofe néceffairement la caufe que nous avons
affignée, c ’eft-à-dire, le mouvement ries courons de la
mer; en fécond lieu, parce que les dunes & les collines qui
fe forment des matières que la mer amène fur fes bords,
ne font pas compofées de marbres & de pierres dures,
comme les collines ordinaires, les coquilles n’y font ordinairement
que foftiles, au lieu que dans les autres montagnes
la pétrification eft entière; d’ailleurs les bancs de
coquilles, les couchés de terre ne font pas auffi horizontales
dans lès dunes que dans les collines compofées de
marbre & de pierre dure, ces bancs y font plus ou moins
inclinez, comme dans les collines de Naffiac, au lieu que
dans les collines & dans les montagnes qui fe font formées