mer ne foit compofé comme là terre que nous habitons;
puifqu’en effet on y trouve les mêmes matières, & qu’on
tire de la furface du fond de la mer les mêmes chofes que
nous tirons de la furface de la terre; 8c de même qu’on
trouve au fond de la mer de vaftes endroits couverts de
coquillages, de madrépores, & d’autres ouvrages des
infeétes de la mer , on trouve auflî fur la terre une infinité
de carrières & de bancs de craie & d ’autres matières remplies
de ces mêmes coquillages, de ces madrépores, &c.
en forte qu’à tous égards les parties découvertes du globe
reflemblent à celles qui font couvertes par les eaux, foit
pour la compofition & pour le mélange des matières, foit
par les inégalités de la fuperficie.
C ’eft à ces inégalités du fond de la mer qu’on doit
attribuer l’origine des courans ; car on fent bien que fi
le fond de l’océan étoit égal 6c de niveau, il n’y aurait
dans la mer d’autre courant que le mouvement général
d’orient en occident, & quelques autres mouvémens qui
auraient pour caufe i’aétion des vents & qui en fuivroient
la direction ; mais une preuve certaine que la plupart dés
■courans font produits par le flux & le reflux, 6c dirigez
par les inégalités du fond de la mer, c’elt qu’ils luivënt
régulièrement les marées & qu’ils changent de direélion
à chaque flux 6c à chaque reflux. Voyez fur cet article
ce que dit Pietro délia Valle , au fujet des courans du
■ golfe de Cambaie, vol. 6, page 3 63, 6c le rapport de
tous les navigateurs, qui alfurent unanimement que dans
les- endroits oirle'flux & le reflux de la mer ell le plus
yioient
violent 6c le plus impétueux, les courans y font aufli plus
rapides.
Ainfi on ne peut pas douter que le flux 6c le reflux ne
produifent des courans dont la direélion fuit toujours celle
des collines ou des montagnes oppofées entre lefquelles-
ils coulent. Les courans qui font produits par les vents,
fuivent aufli la direélion de ces mêmes collines qui font
cachées fous l’eau, car ils ne font prefque jamais oppofez
direélement au vent qui les produit, non plus que ceux
qui ont le flux & reflux pour caufe , ne fuivent pas pour
cela la même direélion.
; Pour donner une idée nette de la produélion des courans
, nous obferverons d’abord qu’il y en a dans toutes
les mers, que les uns font plus rapides 6c les autres plus
lents, qu’il y en a de fort étendus, tant en longueur qu’en
largeur, 6c d’autres qui font plus courts 6c plus étroits ; que
la même caufe, foit le vent, foit le flux & le reflux, qui
produit ces courans, leur donne à chacun une vîtefle 6c
une direélion fouvent très-differente ; qu’un vent de nord,
par exemple, qui devrait donner aux eaux un mouvement
général vers le fud, dans toute l’étendue de la mer où il
,exerce Ion aétion, produit au contraire un grand nombre
de courans féparez les uns des autres 6c bien differens en
étendue & en direélion ; quelques-uns vont droit au fud,
d ’autres au fud- ell, d’autres au fud-ouell; les uns font
fort rapides, d’autres font lents, il y en a de plus 6c moins
forts, de plus 6c moins larges, de plus & moins étendus,
Sc cela dans une variété de combinaifons fi grande, qu’on
Tome I. L U