Maldives étoit autrefois une terre sèche, ce font les
cocotiers qui font au fond de la mer, il s en détaché
fouvent des cocos qui font rejetez fur le rivage par la
tempête; les Indiens en font grand cas & leur attribuent
les mêmes vertus qu’au bézoar.
On croit qu’autrefois fille de C e y l a n etoit unie au
continent & en faifoit partie , mais que les courans qui font
extrêmement rapides en beaucoup d endroits des Indes,
font féparée, & en ont fait une iffe ; on croit la même
chofe à l’égard des illes de Raminanakoicl & de plufieurs
autres. Voyc^ Voyages, des IlülLiudeis aux. Ihidcs oïic?u ale s,
tom. 8, pag. 48p. Ce qu’il y a de certain, c’eft que fille
de Ceylan a perdu 3® ou -j-O lieues de terrein du cote du
nord-oueft, que la mer a gagné fucceffivement.
Il paroît que la mer a abandonné depuis peu une grande
partie des terres avancées & des illes de 1 Amérique; on
vient de voir que le terrein de Jucatan n eft eompofe que
de coquilles, il en eft de même des baffes terres de ta
Martinique & des autres illes Antilles. Les habitans ont
appellé le fond de leur terrein la chaux., parce qu ils font
de la chaux avec ces coquilles, dont on trouve les bancs
immédiatement au deffous de la terre vegetale ; nous pouvons
rapporter ici ce qui eft dit dans tes nouveaux voyages
aux illes. de l’Amérique. « La chaux que 1 on trouve par
»toute la grande terre de la Guadeloupe, quand on fouille
„ dans la terre, eft de même efpèce que celle que l’on pêche
« à la mer, il eft difficile d’en rendre raifon. Serait il poftible
» que toute l’étendue1 du terrein qui eompofe cette ille ne
T h é o r i e d e l a T e r r e . 5 9 3
lut, dans les fièclës paffez, qu’un haut fond rempli dé «
plantes de chaux, qui ayant beaucoup crû & rempli lëS «
vuides qui étoient entr’elies occupez parl’eàü, ont ehfiri «
hauffé le terrein & obligé l’eâu à fe retirer & à laiffer à «
fec toute la fuperficie! Cette conjecture, toute extraor- «
dinaire qu’elle paroît d’abord, n’a pourtant rien d’impol- «
fible, & deviendra même affez vrai-femblabie à ceux qui «
l’examineront fans prévention; car enfin, en fuivant le «
commencement de ma fuppofitiom ces plantes ayant crû «
& rempli tout l’elpace que l’eau occupoit, fe font enfin «
étouffées l’une l’autre; les parties fupérieures fe font ré- «
duitès en pouffière & en terre, les oifeaux y ont laifle «
tomber les graines de quelques arbres, qui ont germé & «
produit ceux que nous y voyons, & la Nature y en fait «
germer d’autres qui ne font pas d’une efpèce commune «
aux autres endroits, comme les bois marbrez & violets, «
& if ne ferait pas indigne de la curiofité des gens qui y «
demeurent, de faire fouiller en différeris endroits pour K
connoître quel en eft le fol, jufqu’à quelle profondeur on (C
trouve cette pierre à chaux, en quelle fituation elle eft cc
répandue fous l’épaiffeur de la terre, & autres circonf- c£
tances qui pourraient ruiner ou fortifier ma conjecture. »
Il y a quelques terreins qui tantôt font couverts d’eau, &
tantôt font découverts, comme plufieurs illes en Norvège,
en E'coffe, aux Maldives, au golfe de Cambaye, &c.
La mer Baltique a gagné peu à peu une grande partie de
la Poméranie, elle a couvert & ruiné le fameux port de
Vineta : de même la mer de Norvège a formé plufieurs
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