
 
		plus  irrégulières  que régulières, on ne doit pas faire d’hy-  
 pothèfe  fur  cela,  ni  fuppofer,  comme  on  l’a  fait,  que  
 les  méridiens font  des  ellipfes  ou  d ’autres  courbes  régulières; 
   d ’où  l’on  voit  que  quand on  mefureroit i'ucceffi-  
 vement plulièurs degrés  de la terre dans tous les fens, on  
 ne ferait  pas  encore alfuré  par-là de  la quantité  d’appla-  
 tilfement qu’elle peut avoir de moins ou  de  plus  que  de  
 la  2 ^omc partie. 
 Ne  doit-on  pas conjeéturer aufli que fi l’inclinaifon de  
 l’axe  de  la terre  a,changé,  ce  ne  peut  être  qu’en  vertu  
 des changemens arrivez à la furface, puifque tout le refie  
 du  globe  eft  homogène,  que par  conféquent  cette  variation  
 eft  trop  peu  fenfible  pour  être  aperçue  par  les  
 Aftronomes, &  qu’à moins  que la  terre  ne foit rencontrée  
 par  quelque  comète,  ou  dérangée  par  quelqu’autre  
 caufe  extérieure,  fon  axe demeurera  perpétuellement incliné  
 comme  il  l’eft  aujourd’h u i,  &  comme  il  l’a  toû-  
 jours  été ï 
 Et  afin  de n’omettre  aucune  des  conjectures  qui  me  
 paroiflent raifonnables,  ne peut-on  pas dire  que  comme  
 les montagnes & les inégalités  qui  font  à la  furface  de la  
 terre,  ont  été  formées  par l’action du  flux &  reflux,  les  
 montagnes & les inégalités que nous remarquons à la fur-  
 face de la lune, ont été produites par une caufe femblabJe;  
 qu’elles font beaucoup plus élevées que celles de la terre,  
 parce que le flux & reflux y  eft beaucoup plus fort,  puif-  
 qu’ici  c’eft la lune,  &  là c’eft la terre  qui  le  caufe,  dont  
 la mafle  étant  beaucoup  plus  confidérable  que  celle  de 
 la lune,  devrait produire des effets beaucoup plus  grands  
 fi la lune avoit, comme la terre,  un mouvement  de  rotation  
 rapide  par  lequel  elle  nous  préfenteroit  fucceffive-  
 ment toutes les parties de fa furface; mais comme la lune  
 préfente  toujours  la  même  face  à  la  terre,  le  flux  &  le  
 reflux ne peuvent s’exercer dans cette planète qu’en vertu  
 de fon  mouvement  de libration par lequel  elle nous  découvre  
 alternativement  un  fegment  de fa  furface,  ce  qui  
 doit  produire  une  efpèce  de flux &  de  reflux fort  différent  
 de  celui  de  nos  mers ,  &  dont  les  effets  doivent  
 être beaucoup moins confidérables qu’ils ne le  feraient fi  
 ce mouvement àvoit  pour caufe  une révolution  de  cette  
 planetê  autour  de  fon  axe,  auffi  prompte  que  l’eft  la  
 rotation  du globe  terreftre. 
 J ’aurais pû faire un  livre gros comme  celui  de Burnet  
 ou  de  Whifton,  fi  j eufle  voulu  délayer  les  idées  qui  
 compofent.le  fÿftème  qu’on  vient  de  voir,  &  en  leur  
 donnant  l’air  géométrique  ,  comme  l’a  fait  ce  dernier  
 Auteur,  je leur  eufle  en  même  temps  donné  du  poids ;  
 mais je penfe  que  des  hypothèfes,  quelque  vrai-fembla-  
 bles  qu’elles  foient,  ne  doivent point être  traitées  avec  
 cet appareil  qui  tient un  peu  de  la  charlatanerie. 
 A   Buffon,  le  20  Septembre  17fJ -