toutes les autres parties du globe; que celafeul, indépendamment
des obfervations actuelles & des mefures,
nous prouve qu’elle n’eft pas parfaitement fphérique, mais
qu’elle eft plus élevée fous l’équateur que fous les pôles;
& concluons de ces premières obfervations que quand
même on fuppoferoit que la terre eft fortie des mains du
Créateur parfaitement ronde en tout fens ( fuppofition
gratuite & qui marquerait bien le cercle étroit de nos
idées ) fon mouvement diurne & celui du flux & du reflux
auraient élevé peu à peu les parties de l’équateur, en y
amenant fticcefftvement les limons, les terres, les coquillages
, &c. Ainfi les plus grandes inégalités du globe doivent
fe trouver & fe trouvent en effet voifines de l’équateur
; & comme ce mouvement de flux & de reflux *
fe fait par des alternatives journalières & répétées fans
interruption, il eft fort naturel d’imaginer qu’à chaque
fois les eaux emportent d’un endroit à l’autre une petite
quantité de matière, laquelle tombe enfuite comme un
fédiment au fond de l’eau, & forme ces couches parallèles
& horizontales qu’on trouve par-tout; car la totalité du
mouvement des eaux dans le flux & reflux étant horizontale,
les matières entraînées ont néceflàirement fuivi la
même direétion & fe font toutes arrangées parallèlement
& de niveau.
Mais, dira-t-on,comme le mouvement du flux & reflux
eft un balancement égal des eaux, une efpèce d’ofcillation
régulière, on ne voit pas pourquoi tout ne ferait pas
* Voyez les preuves, an. 12.
compenfé, & pourquoi les matières apportées par le flux
ne feraient pas remportées par le reflux, & dès-lors la
caufe de la formation des couches difparoît, & le fond
de la mer doit toûjours refter le même, le flux détruifànt
les effets du reflux, & l’un & l’autre ne pouvant caufer
aucun mouvement, aucune altération fenfible dans le fond
de la mer, & encore moins en changer la forme primitive
en y produifant des hauteurs & des inégalités.
A cela je réponds que le balancement des eaux n’eft
point égal, puifqu’il produit un mouvement continuel de
la mer de l’orient vers l’occident, que de plus l’agitation
caufée par les vents s’oppofe à l’égalité du flux & du
reflux, & que de tous les mouvemens dont la mer eft
fufceptible, il réfultera toûjours des tranfports de terre &
des dépôts de matières dans de certains endroits, que
ces amas de matière feront compofez de couches parallèles
& horizontales, les combinaifons quelconques des
mouvemens de la mer tendant toûjours à remuer les terres
& à les mettre de niveau les unes fur les autres dans les
lieux où elles tombent en forme de fédiment ; mais de
plus il eft aifé de répondre à cette objeélion par un fait,
c eft que dans toutes les extrémités de la mer où l’on
obferve le flux & le reflux, dans toutes les côtes qui la
bornent, on voit que le flux amène une infinité de chofes
que le reflux ne remporte pas, qu’il y a des terreins que
la mer couvre infenfiblement *, & d’autres qu’elle laiffe
a découvert après y avoir apporté des terres, des fables,
* Voyez les preuves, art. 19.
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